Église Saint-Vincent | ||
Composé de trois lancettes trilobées et d'un tympan à sept ajours, ce vitrail a probablement été offert par Jacques Hurault (et son fils Raoul ?), dont les panneaux 1a et 1c montrent les portraits (têtes restaurées par Gruber, 1972). Il est l’œuvre du même atelier que les baies 5 et 6.
La baie est murée sur plus du tiers de sa hauteur, sans doute depuis le XVIIe siècle, date de l’installation du retable. Les baies 1 et 2 ont fait l’objet d’un projet de restauration entre 1912 et 1913 (Bureau des Objets Mobiliers), abandonné à la veille de la Première Guerre mondiale, qui prévoyait la recomposition de la verrière, ainsi que l’intégration d’un panneau, alors récemment retrouvé dans la sacristie et aujourd’hui perdu. Le récolement du 16 octobre 1910 (Bureau des Objets Mobiliers) le nomme « Vitrail de sainte Radegonde et des donateurs ». La baie 2 fut la seule à ne pas être déposée en 1944 par J.-J. Gruber. C’est seulement à l’occasion de la repose générale en 1950 que les panneaux anciens subsistants furent emportés et restaurés dans l’atelier du restaurateur, où ils demeurèrent jusqu’en 1972.
Cette verrière a été recomposée par Gruber entre 1950 et 1972, à partir de quelques panneaux anciens (panneaux 1a, 1c, le soufflet supérieur et les quatre écoinçons). Les panneaux 2a, 1b, 2b, et 3c, ainsi que les deux soufflets du registre inférieur du tympan, sont des inventions de ce peintre verrier. Les têtes de lancettes, à l’exception de celle de droite, remaniée par Gruber, sont le résultat de compilations antérieures, comme le montre une photographie ancienne (MAP, cliché MH 143254 (av. rest., Barbillat, état avant 1940), tirage à la MAP, (photothèque), Paris, « cartons verts », vitraux, Cour-sur-Loire). Gruber a rétabli le sens initial de certains panneaux ou ajours de tympan, ainsi des têtes de lancettes médiane et latérale gauche, de l’écoinçon supérieur gauche, et des deux anges porteurs des instruments de la Passion, autrefois intervertis. Les pièces anciennes du pilastre à candélabres de droite ont été remontées à l’envers (tête en bas). Enfin, les têtes des donateurs ont été remplacées, soit en totalité (à droite), soit seulement en partie (à gauche). Ce vitrail, remonté en 1972, ne paraît pas souffrir d’un mauvais état sanitaire ou technique au même titre que les autres. Des donateurs agenouillés, il ne subsiste plus que les bustes, qui se détachent sur la partie inférieure de leurs saints patrons, anonymes.
Le panneau inférieur de la lancette gauche (panneau 1a) représente le buste d'un donateur en position de priant, tourné vers l’est, portant la cotte d’armes des Hurault, présenté par son saint patron, qui s’appuie sur un bâton jaune orné d’une boucle de même couleur, à l’extrémité duquel s’insère un bouche-trou en forme d’aumônière (saint Jacques ?). Les deux personnages devaient à l’origine s’inscrire entre deux pilastres à candélabres dont il ne reste plus que deux fragments. Le panneau inférieur de la lancette droite (panneau 1c) montre le buste d'un donateur en cotte d’armes, en posture de priant, tourné vers l’est. Celui-ci porte les mêmes armes que le précédent. Les ombres de soleil des armes de Hurault, compte tenu de la large surface gravée, ont probablement été entamées à l’acide sur le verre blanc plaqué de rouge. À droite figure un fragment de pilastre à candélabres traité à la grisaille et au jaune d’argent. Le donateur s’inscrit sur une figure de saint ou de sainte, vêtu.e d’un manteau bleu fourré dont la manche fendue laisse voir la robe rouge (sainte Radegonde ?). De sa main droite, ce personnage tient un livre rouge fermé.
Le tympan du vitrail est composé de deux écoinçons vitrés en macédoine (fragment d’ange en vol, tendant le bras dans l'écoinçon supérieur droit) et d'un soufflet sommital figurant un écusson aux armes des Hurault, surmonté d'un casque à lambrequins. Sur ce modèle, Gruber a créé les deux soufflets du registre inférieur, aux armes des Levrault et des de Refuge, seigneurs de Cour-sur-Loire respectivement aux XIVe et XVe siècles, avant l’acquisition de la terre par Jacques Hurault, et au XVIIe siècle. L’écu, très découpé, est traité au jaune d’argent sur le verre blanc, tout comme les lambrequins du casque. Les ombres de soleil ne sont pas « de gueules », mais traitées au jaune d’argent plus soutenu, sans doute pour éviter un travail de coupe et un montage en chef d’œuvre. Le seul verre de couleur est l’azur de la croix. L’acier bleuté du casque est obtenu par l’application d’émaux sur le verre blanc. De part et d’autre du blason, deux pièces portant la date, dissociée, de 1582, ont été replacées par Gruber à la place qu’elles occupaient vers 1913 (MAP, cliché MH 143254 (av. rest., Barbillat, état avant 1940), tirage à la MAP, (photothèque), Paris, « cartons verts », vitraux, Cour-sur-Loire). Jacques II Hurault ou le chancelier Philippe Hurault de Cheverny ont pu commander ce panneau. Le tracé des plombs autour du casque laisse deviner le contour d’un ancien soufflet, plus étroit, et suggère que ces armes appartenaient à l’origine à une autre baie, au remplage différent. Cependant les lambrequins, qui débordent ce tracé, sont bien conformes à la représentation d’un casque. Deux anges sont figurés dans les mouchettes du tympan ; l'un porte les instruments de la Flagellation (mouchette de droite), l'autre la couronne d'épines (mouchette de gauche, fragmentaire ; macédoine). Ces deux ajours proviennent de l’ancienne baie d’axe, transférée dans la baie 1 (voir notice baie 1). Les têtes de lancettes présentent une composition en macédoine (fragment d'ange portant un ciboire (?) et mains jointes d'un ange vêtue d'une aube dans la lancette centrale).
Sources graphiques :
Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (MAP)
Arch. phot. de la Dir. du Patr., cliché MH 143254 (av. rest., Barbillat, état avant 1940), tirage à la MAP, (photothèque), Paris, « cartons verts », vitraux, Cour-sur-Loire - MH 234 538 à MH 234 541, (ap. rest. Gruber 1955) (panneau par panneau, en vue d’un éventuel photomontage non réalisé).
Orléans, Inventaire du Centre
Marius Hermanowicz, 1996 : 96. 41. 5 V, 6 VA - 96. 41. 7 X, 8 XA - 96. 41. 9 X, 10 XA.
Sources manuscrites :
Paris, Bureau des objets mobiliers (en 1995)
Dossier Cour-sur-Loire, rapport du 20 nov. 1912, devis approuvé le 19 juillet 1913 ; lettre de l’architecte Grenouillot du 25 avril 1913 ; récolement du 16 oct. 1910 ; Correspondance relative au projet de restauration et de repose de 1968-1972.
Orléans, Direction régionale des affaires culturelles
Correspondance relative au projet de restauration et de repose de 1968-1972.
Blois, Archives départementales de Loir-et-Cher
F 2137, fonds Lesueur, Dr. Frédéric LESUEUR, monographie de l’église de Cour-sur-Loire, Manuscrit. s.d., vers 1919-1922, p. 16.
Blois, Service départemental de l’architecture
Correspondance relative au projet de restauration et de repose de 1968-1972.
Bibliographie :
Duchalais Adolphe , « Observations sur quelques jetons relatifs à l’histoire du Blésois », Revue Numismatique, tome XII, 1847, Blois, Dezairs, p. 59.
Garreau abbé L.E., Cour-sur-Loire, son église, sa châtellenie, son histoire, Paris, Honoré Champion, 1913, p. 3.
Pilté Edmond, Répertoire archéologique des édifices religieux du diocèse actuel de Blois et des Monuments civils du département de Loir-et-Cher à partir du Moyen Âge, Saint-Dizier, A. Bruliard, 1931, p. 90.
Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 142.
Riviale Laurence, Les verrières de l’église paroissiale Saint-Vincent de Cour-sur-Loire (Loir-et-Cher), Mémoire de maîtrise d’histoire de l’art moderne, sous la dir. de Claude Mignot et Michel Hérold, Tours, Université F. Rabelais, [1996], p. 121-122.
Sources en ligne :
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM41000175
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098426
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