Les vitraux de la Renaissance, conservés dans l’église Saint-Pierre jusqu’à leur intégration dans les collections du Centre international du Vitrail dans les années 1990, ne faisaient pas partie, à quelques exceptions, du décor de cette église. Ils proviennent en effet de plusieurs monuments chartrains voués à la ruine et ont été insérés dans les fenêtres basses et les baies du triforium du chevet de Saint-Pierre, détruites à la Révolution, après le Concordat de 1801, lorsque l’ancienne abbatiale devint paroisse. De factures et d’époques diverses, ces panneaux ont été retaillés, complétés, bousculés, jusqu’à la décision aujourd’hui effective de leur présentation muséale. S’ajoutent à cela des dégradations des verrières qui résultent des outrages du temps : verres souvent corrodés, peinture très usée et lacunaire.
Six panneaux de belle qualité, tous rognés dans les deux dimensions, sont les vestiges de trois scènes d’une même verrière consacrée à l’Enfance du Christ, exécutée dans la première décennie du XVIe siècle. Chacune se développait sur deux lancettes, laissant supposer la forme double – ou quadruple – de la fenêtre pour laquelle elles avaient été conçues. L’adaptation des verrières au triforium de Saint-Pierre a parfois épargné l’essentiel des sujets, à l’exemple de ces deux panneaux d’une Annonciation, qui ont été coupés en largeur. La scène se déroulait à l’origine dans une salle, devant une grande tenture laissant apparaître des baies vitrées dans la partie haute. L’encadrement architectural est conservé dans le panneau de droite, au détriment de la figure de la Vierge, amputée de sa plus grande partie.
La composition reprend un schéma classique, dans l’esprit de celui que l’on trouve vers 1500 dans plusieurs vitraux parisiens et normands. La Vierge, surprise dans sa lecture, se retourne vers l’ange Gabriel, qui s’avance vers elle, un sceptre à la main. Il porte une chape rouge doublée de vert, dont les motifs damassés sont gravés à l’acide et repris à l’outil, puis peints au jaune d’argent. Les ailes bleues sont ornées de reflets verts obtenus par de petites taches de la même teinte. Les traits du visage sont peints avec finesse, mais la corrosion du verre et les nombreux plombs de casse empêchent d’en apprécier la qualité.
Ces dix panneaux proviennent d’une verrière monumentale de la vie de saint Claude, réalisée vers 1530. Celle-ci rompt avec l’isolement traditionnel des figures présentées dans des tabernacles d’architecture feinte installés dans les différentes lancettes d’une même baie. Le récit, qui se déroule dans un espace ouvert et unifié, traité en perspective, met en scène, à l’intérieur d’un cadre architecturé de style Renaissance, l’intronisation du saint archevêque de Besançon précédée du miracle qui le fit appeler du monastère de Saint-Oyend. Le registre inférieur montre un groupe de clercs agenouillés, écoutant la voix de l’ange qui commanda d’appeler saint Claude à l’archevêché de la ville. La Vie de saint Claude publiée par les Bollandistes rapporte en effet qu’en 685, après la mort de saint Gervais, archevêque de Besançon, le clergé et le peuple restèrent longtemps divisés sur le nom d’un successeur jusqu’à ce qu’une voix du ciel leur enjoignît de choisir Claude. Celui-ci s’était distingué auparavant en enseignant la science sacrée aux jeunes clercs, épisode représenté à échelle réduite dans le panneau de gauche. Au second registre est figurée l’intronisation du nouvel archevêque, en présence d’une foule de clercs et de laïcs. Les têtes de lancettes se raccordant mal avec cette scène, il est probable qu’elles en étaient séparées par au moins un registre de panneaux disparus, dont il n’est pas possible de savoir s’ils contenaient d’autres épisodes de la vie du saint ou seulement des éléments d’architecture. La conception spatiale des architectures percées d’oculi qui structurent les scènes rappelle celle que l’on trouve dans des œuvres datées de la même période, comme le vitrail de la Sagesse de Salomon dans l’église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris (1531), ou encore la Vie de saint Honoré à Pont-Audemer (1536).
Malgré sa conservation très fragmentaire, la verrière de saint Claude se distingue par son raffinement et sa haute qualité d’exécution. Le ou les peintres-verriers qui sont intervenus y ont combiné des matériaux de peinture de plusieurs teintes, le plus frappant étant une sanguine pure utilisée de manière récurrente en hachures pour le modelé des visages. De même, la présence de nombreuses pièces montées en chef-d’œuvre sur les mitres et les ornements de la scène de l’intronisation de saint Claude révèlent une commande luxueuse.
Dix-neuf panneaux de l’église Saint-Pierre, datés autour de 1540, présentent une cohérence stylistique et technique indiscutable et tranchent, par leur qualité, avec le reste de la production chartraine de la Renaissance. Ils appartiennent à un cycle de la Vie de la Vierge qui remplissait au moins trois fenêtres d’une église détruite après la Révolution, qui pourrait être Saint-Hilaire. La verrière de la Circoncision du Christ, réalisée d’après des cartons ou des modèles de Jean Cousin, est la mieux conservée : ses quatre panneaux nous sont parvenus, quoique assez fortement rognés en hauteur et en largeur. La scène se déroule dans un temple à colonnes, l’autel étant placé devant une abside. À gauche, se tient la Vierge nimbée, penchée vers l’autel, accompagnée d’un groupe de six jeunes filles. Au centre, saint Joseph présente l’Enfant au grand prêtre qui procède à la circoncision, et à droite, l’un des assistants tient un cierge.
Certaines figures montrent une parenté étroite avec des œuvres graphiques du peintre Jean Cousin, en particulier une des suivantes de la Vierge (à gauche), représentée de dos, les cheveux noués en deux tresses décrivant une arabesque élégante soulignée par des montures en chef-d’œuvre, que l’on retrouve à l’identique dans un dessin de l’artiste figurant la mort d’un saint personnage (musée du Louvre). Outre l’expression des personnages et le tracé des drapés, d’autres détails appartenant au vocabulaire habituel de Cousin peuvent être relevés : pour les hommes, les molletières doublées de fourrure et ornées d’un mufle de lion, héritées des peintres maniéristes italiens actifs à Fontainebleau, se retrouvent dans plusieurs dessins de Cousin, tandis que les sphinges, figurées sous l’autel, rappellent celles du projet de présent de la ville de Paris à Henri II pour l’entrée de 1549, conservé à l’École des Beaux-Arts de Paris.
Le jaune d’argent appliqué en ton local pour rehausser les ornements et les chevelures des figures féminines est associé à l’emploi de verres rouges gravés, visibles sur le bas de la tunique d’une des servantes de la Vierge.
Saint Michel, vêtu d’une cuirasse dorée, brandit son épée pour frapper le démon dont seule n’apparaît plus qu’une patte griffue, la scène devant à l’origine se développer sur deux panneaux superposés. Il porte des épaulettes en forme de coquilles, qui font partie de ses attributs traditionnels en référence au pèlerinage maritime du Mont Saint-Michel.
En dépit de quelques bouche-trous et de plusieurs pièces de restauration, dont deux grandes dans la cuirasse, la qualité du panneau reste sensible. La scène, qui devait aussi être plus large, se déroulait devant une tenture bleue damassée dont on aperçoit encore une partie dans l’angle inférieur droit. Si le visage de l’archange, peint en grisaille rousse, évoque encore la fin du XVe siècle, le décor de rinceaux de l’armure indique une datation autour de 1500.
Cette verrière, demeurée quasiment entière, est à son emplacement d’origine. Elle fut commandée au peintre-verrier Jean Jouan, par la famille Grenet, titulaire de la chapelle, et fut posée en avril 1547. Le sujet, le combat victorieux de l’archange saint Michel et des armées célestes contre Lucifer et les anges rebelles, est tiré de l’Apocalypse (12, 7). Le choix de cet épisode revient probablement à l’un des membres de la famille, l’avocat Michel Grenet, qui se place ainsi sous la protection de son saint patron. Accompagné par deux anges et vêtu d’une armure étincelante, saint Michel précipite Lucifer et d’autres démons dans les flammes de l’enfer. Au sommet, dans une nuée peuplée de chérubins, Dieu le Père assiste au combat, entouré par deux angelots tirant des flèches.
Le saint Michel est proche de figures similaires dans la production de Jean Cousin, et certains détails comme la tête de l’ange archer aux ailes bleues (en haut à droite), ou encore les boucliers des acolytes de l’archange qui relèvent du répertoire bellifontain, laissent à penser que Jean Jouan entretint vraisemblablement des liens avec le milieu parisien.
Le soubassement de la verrière comporte des éléments insérés postérieurement : au centre, un petit panneau carré peint à la grisaille, au jaune d’argent et à l’émail bleu, représentant une femme assise tenant un livre et, à droite, un écu de la famille des Challine, descendants des Grenet et possesseurs de la chapelle à partir de la fin du XVIe siècle. Ces modifications pourraient être consécutives à des dégâts survenus pendant le siège de la ville en 1568.
La scène de l’Annonce aux bergers datée vers 1500-1510 et remployée dans l’église Saint-Pierre était à l’origine plus large. Chacun des deux panneaux a été rogné dans les deux dimensions : les montants latéraux de l’encadrement ont disparu et une partie de la composition manque manifestement au centre. Dans l’état actuel de la composition, deux anges porteurs de phylactères s’adressent aux bergers assis au milieu de leurs troupeaux et tenant à la main leur houlette. L’un d’entre eux porte à la ceinture des objets usuels, dont un peigne et un miroir. À l’arrière-plan, peint sur verre bleu, un troisième berger joue de la cornemuse devant un paysage sur lequel se détachent un château et un groupe de maisons peints à la grisaille.
Le peintre-verrier joue subtilement avec les teintes de verres, qui passent d’un rouge clinquant pour les vêtements des bergers et les ailes des anges à une sanguine brunâtre pour les carnations, que l’on perçoit encore sur les lèvres et les sourcils. Les plombs de casse, qui barraient le visage du berger de droite, ont été retirés lors d’une restauration et remplacés par des collages.
Constituant la partie supérieure d’un Arbre de Jessé, ces quatre panneaux réalisés d’après des modèles de Jean Cousin pourraient provenir de l’ancienne église Saint-Hilaire. Ne subsistent aujourd’hui que la Vierge à l’Enfant, quatre rois entiers et le buste de deux autres. Un seul, David jouant de la harpe, est identifiable à son attribut. Jessé et les autres rois se trouvaient dans la moitié inférieure perdue de la verrière.
Retirés du triforium de Saint-Pierre en 1936, les panneaux ont été ensuite transférés à Paris, puis au dépôt des Monuments historiques de Champs-sur-Marne, avant de rejoindre les collections du Centre international du Vitrail. Cette verrière, d’une très grande qualité d’exécution, se distingue par l’emploi de verres gravés rouges et bleus, ainsi que par l’utilisation d’un émail à base de sanguine en ton local, venant rehausser les carnations des personnages.
Lettres patentes – Février 1493 (n. s.) Charles viii, Brulart et Thomas Bohier, notaires et secrétaires du roi
Parchemin, 57 × 63 cm Tours, Archives municipales – CC 1
Exemption perpétuelle du payement de plusieurs impôts ordinaires et taxes commerciales accordée par le roi à tous les habitants demeurant dans l’enceinte de la ville de Tours, à l’instar de la ville d’Amboise, en raison de l’implantation des rois en Touraine depuis Louis xi, en souvenir de son enfance dans la région et en récompense des accueils lors des entrées solennelles du couple royal.
Fontaine du Carroi de Beaune, anciennement appelée Fontaine du Grand Marché, à Tours, Karl Girardet, XIXe siècle, gravure extraite de Jean-Jacques Bourassé (dir.) La Touraine, histoire et monuments, Mame, Tours, 1856, p. 84
Symboles monumentaux de la politique municipale d’aménagement et d’embellissement, les fontaines de Tours et le réseau d’adduction d’eau sont conçus et réalisés entre 1507 et 1512. Les fontaines sont situées sur les cinq principales places de la ville. Elles présentent les armoiries royales. Leurs matériaux viennent en partie d’Italie et leur décor marque l’introduction du style de la Renaissance en Val de Loire.
Vue de l’hôtel des Créneaux, ancien hôtel de ville, à Orléans, Charles Pensée, 1837 aquarelle, crayon graphite, rehauts de gouache sur papier, 57 × 44 cm Orléans, Musée des Beaux-Arts – no inv. : 942
Cet hôtel de ville bâti entre 1503 et 1513 montre comment l’identité communale s’incarne dans la monumentalité. Il intègre aux ornementations gothiques le vocabulaire de la Renaissance, à l’instar des hôtels de ville d’Amboise (1501-1505), d’Angers ou de celui des Échevins à Bourges (1489-1490). Lieux de délibération et de décision, ces bâtiments, parfois richement décorés, témoignent de l’autorité des communautés civiles sur la police de la ville.
Jeton personnel d’Antoine Bohier, conseiller du roi – ap. 1544
Cuivre, Ø 2,6 cm Société Archéologique de Touraine – JT 214
Droit : Croisette ANTHOINE.BOHIER.CHER.SR DE CHESNAYE. Au centre, armes des Bohier d’or au lion d’azur surmontées d’un lambel à 3 pendants de gueules, le tout dans un plurilobe. Revers : Croisette CONSEILLER.DU.ROY.ET.GNAL.DE.FRANCE. Au centre, dragon contourné et couronné.