Chartres est invariablement associée dans l’imaginaire collectif à l’extraordinaire ensemble de verrières des XIIe et XIIIe siècles de sa cathédrale. Mais l’histoire du vitrail chartrain ne se résume pas à la période médiévale, puisque la ville conserve aussi un grand nombre de verrières de la Renaissance.
L’étude menée par Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux sur les verrières des églises Saint-Pierre et Saint-Aignan, à l’occasion de l’exposition des « Vitraux de la Renaissance à Chartres » présentée en 2010 au Centre international du Vitrail, a permis de mettre en lumière un pan important de l’histoire de la peinture sur verre en France, jusqu’alors méconnu. Ces vitraux, en majorité datés entre la fin du XVe siècle et le milieu du XVIe siècle, sont l’œuvre d’artistes renommés, tels que le peintre parisien Jean Cousin dont la présence à Chartres est attestée au début des années 1540.
De la fin du XVe siècle au début du XVIIe siècle, un grand nombre de peintres-verriers vivaient à Chartres, et des concurrents venus de l’extérieur ont été appelés à y travailler, mais leurs œuvres ont été largement détruites. L’une des causes de ces pertes est la suppression de la majeure partie des monuments religieux de la ville pendant la Révolution.
Ce qui subsiste de la production de cette période se réduit principalement à deux ensembles : le triforium de l’abside de l’église Saint-Pierre (ancienne abbatiale de Saint-Père-en-Vallée) a longtemps hébergé la cinquantaine de panneaux aujourd’hui exposés au Centre international du Vitrail ; et deux verrières complètes de l’église Saint-Aignan ainsi qu’un grand nombre de scènes réparties dans six autres fenêtres. Tandis que les vitraux de Saint-Aignan, redistribués vers 1823, sont pour l’essentiel ceux qui lui étaient destinés, l’origine des panneaux remployés à Saint-Pierre au début du XIXe siècle n’est en revanche pas assurée.
L’étude méthodique de ces œuvres entreprise par les historiens de l’art permet de les classer chronologiquement, de définir leurs caractéristiques stylistiques, d’approcher les techniques en usage dans les ateliers locaux et de dégager l’apport de certains des artistes à l’origine des modèles.
À l’occasion des travaux de restauration de l’église Saint-Pierre amorcés en 1990, l’attention a été portée sur cette collection de vitraux de remploi remontés après la Révolution dans le triforium de l’église, à la place des verrières en grisaille du Moyen Âge. Ces dernières ont été restituées, et la ville de Chartres a décidé de confier au Centre international du Vitrail la mission de mettre en valeur et de rendre accessible à tous les publics cette collection exceptionnelle de vitraux de la Renaissance, en provenance d’édifices de Chartres aujourd’hui disparus.
Depuis 2010, le Centre international du Vitrail propose ainsi de redécouvrir ces vitraux de la Renaissance dans une exposition désormais permanente.
Constituant la partie supérieure d’un Arbre de Jessé, ces quatre panneaux réalisés d’après des modèles de Jean Cousin pourraient provenir de l’ancienne église Saint-Hilaire. Ne subsistent aujourd’hui que la Vierge à l’Enfant, quatre rois entiers et le buste de deux autres. Un seul, David jouant de la harpe, est identifiable à son attribut. Jessé et les autres rois se trouvaient dans la moitié inférieure perdue de la verrière.
Retirés du triforium de Saint-Pierre en 1936, les panneaux ont été ensuite transférés à Paris, puis au dépôt des Monuments historiques de Champs-sur-Marne, avant de rejoindre les collections du Centre international du Vitrail. Cette verrière, d’une très grande qualité d’exécution, se distingue par l’emploi de verres gravés rouges et bleus, ainsi que par l’utilisation d’un émail à base de sanguine en ton local, venant rehausser les carnations des personnages.
Cette verrière, demeurée quasiment entière, est à son emplacement d’origine. Elle fut commandée au peintre-verrier Jean Jouan, par la famille Grenet, titulaire de la chapelle, et fut posée en avril 1547. Le sujet, le combat victorieux de l’archange saint Michel et des armées célestes contre Lucifer et les anges rebelles, est tiré de l’Apocalypse (12, 7). Le choix de cet épisode revient probablement à l’un des membres de la famille, l’avocat Michel Grenet, qui se place ainsi sous la protection de son saint patron. Accompagné par deux anges et vêtu d’une armure étincelante, saint Michel précipite Lucifer et d’autres démons dans les flammes de l’enfer. Au sommet, dans une nuée peuplée de chérubins, Dieu le Père assiste au combat, entouré par deux angelots tirant des flèches.
Le saint Michel est proche de figures similaires dans la production de Jean Cousin, et certains détails comme la tête de l’ange archer aux ailes bleues (en haut à droite), ou encore les boucliers des acolytes de l’archange qui relèvent du répertoire bellifontain, laissent à penser que Jean Jouan entretint vraisemblablement des liens avec le milieu parisien.
Le soubassement de la verrière comporte des éléments insérés postérieurement : au centre, un petit panneau carré peint à la grisaille, au jaune d’argent et à l’émail bleu, représentant une femme assise tenant un livre et, à droite, un écu de la famille des Challine, descendants des Grenet et possesseurs de la chapelle à partir de la fin du XVIe siècle. Ces modifications pourraient être consécutives à des dégâts survenus pendant le siège de la ville en 1568.
La scène de l’Annonce aux bergers datée vers 1500-1510 et remployée dans l’église Saint-Pierre était à l’origine plus large. Chacun des deux panneaux a été rogné dans les deux dimensions : les montants latéraux de l’encadrement ont disparu et une partie de la composition manque manifestement au centre. Dans l’état actuel de la composition, deux anges porteurs de phylactères s’adressent aux bergers assis au milieu de leurs troupeaux et tenant à la main leur houlette. L’un d’entre eux porte à la ceinture des objets usuels, dont un peigne et un miroir. À l’arrière-plan, peint sur verre bleu, un troisième berger joue de la cornemuse devant un paysage sur lequel se détachent un château et un groupe de maisons peints à la grisaille.
Le peintre-verrier joue subtilement avec les teintes de verres, qui passent d’un rouge clinquant pour les vêtements des bergers et les ailes des anges à une sanguine brunâtre pour les carnations, que l’on perçoit encore sur les lèvres et les sourcils. Les plombs de casse, qui barraient le visage du berger de droite, ont été retirés lors d’une restauration et remplacés par des collages.
Constituant la partie supérieure d’un Arbre de Jessé, ces quatre panneaux réalisés d’après des modèles de Jean Cousin pourraient provenir de l’ancienne église Saint-Hilaire. Ne subsistent aujourd’hui que la Vierge à l’Enfant, quatre rois entiers et le buste de deux autres. Un seul, David jouant de la harpe, est identifiable à son attribut. Jessé et les autres rois se trouvaient dans la moitié inférieure perdue de la verrière.
Retirés du triforium de Saint-Pierre en 1936, les panneaux ont été ensuite transférés à Paris, puis au dépôt des Monuments historiques de Champs-sur-Marne, avant de rejoindre les collections du Centre international du Vitrail. Cette verrière, d’une très grande qualité d’exécution, se distingue par l’emploi de verres gravés rouges et bleus, ainsi que par l’utilisation d’un émail à base de sanguine en ton local, venant rehausser les carnations des personnages.
Lettres patentes – Février 1493 (n. s.) Charles viii, Brulart et Thomas Bohier, notaires et secrétaires du roi
Parchemin, 57 × 63 cm Tours, Archives municipales – CC 1
Exemption perpétuelle du payement de plusieurs impôts ordinaires et taxes commerciales accordée par le roi à tous les habitants demeurant dans l’enceinte de la ville de Tours, à l’instar de la ville d’Amboise, en raison de l’implantation des rois en Touraine depuis Louis xi, en souvenir de son enfance dans la région et en récompense des accueils lors des entrées solennelles du couple royal.
Fontaine du Carroi de Beaune, anciennement appelée Fontaine du Grand Marché, à Tours, Karl Girardet, xixe siècle, gravure extraite de Jean-Jacques Bourassé (dir.) La Touraine, histoire et monuments, Mame, Tours, 1856, p. 84
Symboles monumentaux de la politique municipale d’aménagement et d’embellissement, les fontaines de Tours et le réseau d’adduction d’eau sont conçus et réalisés entre 1507 et 1512. Les fontaines sont situées sur les cinq principales places de la ville. Elles présentent les armoiries royales. Leurs matériaux viennent en partie d’Italie et leur décor marque l’introduction du style de la Renaissance en Val de Loire.
Vue de l’hôtel des Créneaux, ancien hôtel de ville, à Orléans, Charles Pensée, 1837 aquarelle, crayon graphite, rehauts de gouache sur papier, 57 × 44 cm Orléans, Musée des Beaux-Arts – no inv. : 942
Cet hôtel de ville bâti entre 1503 et 1513 montre comment l’identité communale s’incarne dans la monumentalité. Il intègre aux ornementations gothiques le vocabulaire de la Renaissance, à l’instar des hôtels de ville d’Amboise (1501-1505), d’Angers ou de celui des Échevins à Bourges (1489-1490). Lieux de délibération et de décision, ces bâtiments, parfois richement décorés, témoignent de l’autorité des communautés civiles sur la police de la ville.
Jeton personnel d’Antoine Bohier, conseiller du roi – ap. 1544
Cuivre, Ø 2,6 cm Société Archéologique de Touraine – JT 214
Droit : Croisette ANTHOINE.BOHIER.CHER.SR DE CHESNAYE. Au centre, armes des Bohier d’or au lion d’azur surmontées d’un lambel à 3 pendants de gueules, le tout dans un plurilobe. Revers : Croisette CONSEILLER.DU.ROY.ET.GNAL.DE.FRANCE. Au centre, dragon contourné et couronné.