Rebâtie à la fin du XIIIe siècle, détruite puis reconstruite aux XVe et XVIe siècles, l’église Saint-Aignan, ancienne paroisse du château comtal et collégiale, présente un décor vitré d’une grande richesse. Les vitraux actuellement conservés sont pour l’essentiel ceux qui lui étaient destinés mais replacés de manière anarchique vers 1823. Seules les baies 12 et 18 sont demeurées homogènes et quelques panneaux de tympans sont encore en place. Le « désordre » du vitrage de Saint-Aignan reflète l’histoire mouvementée de l’église : vendue en 1792 à l’architecte voyer Laurent Morin, elle abrita un hôpital militaire, puis servit de grange à foin avant d’être restituée à la ville en décembre 1822 pour être rouverte au culte. Pendant cette période les vitraux de l’étage inférieur avaient été déposés et conservés en caisses. Le vitrier chargé de regarnir les fenêtres de la nef n’eut qu’à puiser dans ce stock, ce qui n’exclut pas qu’il ait pu introduire en complément quelques morceaux étrangers à Saint-Aignan. Les panneaux remployés furent alors restaurés en comblant les manques par des bouche-trous retaillés dans d’autres vitraux, à l’image de la baie 15, recomposée vers 1893 à l’aide de morceaux auparavant dispersés.
Les huit scènes dispersées d’un cycle de la Dormition de la Vierge, en grande partie regroupées dans la baie 9, illustrent l’activité d’artistes étrangers à la ville. Cette verrière, réalisée vers 1485-1490, est attribuée à l’atelier du peintre-verrier Pierre Courtois, sans doute installé à Évreux, en Normandie, dont le rayonnement est déjà identifié à Bernay (Eure), Dreux (Eure-et-Loir) et jusqu’à La Ferté Bernard (Sarthe).
Dans des encadrements architecturés de style flamboyant peints en grisaille et jaune d’argent sont figurés les différents épisodes de la Dormition, depuis l’Agonie de la Vierge (en bas à gauche) jusqu’à son Couronnement par la Trinité (tympan). L’attribution de la verrière de Saint-Aignan à Pierre Courtois repose sur ce qui caractérise ses œuvres attestées, entre autres le goût des tons rompus, les carnations peintes de préférence sur verre blanc, les visages féminins à l’ovale très pur, ou l’expression mélancolique des figures christiques. Outre la finesse d’exécution, on relève certains procédés techniques délicats, à l’exemple de la scène du miracle des impies dont les mains collées sur le cercueil sont des pièces montées en chef-d’œuvre, dans le panneau des funérailles de Marie (au milieu à droite).
Saint-Aignan possédait au XVIe siècle un nombre de vitraux assez considérable. Après la verrière de la Dormition attribuée au peintre-verrier Pierre Courtois, la première en date pourrait être celle de la Parenté de la Vierge (vers 1505-1510). Conçue pour orner la chapelle concédée en mai 1504 au prévôt de Chartres, Regnault de Gyvès, cette verrière est demeurée à peu près cohérente avec quatre scènes sous un tympan intact et un décor presque complet de têtes de lancettes ; seul manque le registre supérieur qui pouvait être dévolu aux portraits des donateurs. Les quatre scènes illustrant la Parenté de la Vierge sont encadrées d’architectures mêlant les vocabulaires flamboyants et Renaissance.
La Sainte Famille (en haut à gauche), tirée d’un modèle gravé d’Albrecht Dürer, montre la Vierge filant la laine près du berceau de Jésus et saint Joseph travaillant le bois. Le panneau de droite illustre l’éducation de Marie, avec sainte Anne, Joachim et la Vierge enfant figurés au premier plan d’une salle au décor Renaissance, ouverte sur un paysage. Au registre inférieur sont représentés les deux sœurs de la Vierge, Marie Jacobé (en bas à gauche) et Marie Salomé (en bas à droite). Elles sont accompagnées de leurs époux et de leurs enfants, parmi lesquels figurent six des futurs apôtres du Christ.
L’utilisation du jaune d’argent et de la grisaille est remarquable dans cette verrière. Le recours exclusif à cette technique pour représenter les anges et l’enfant Jésus conduit à les distinguer et à exprimer leur nature divine. L’emploi limité aux visages et aux chevelures pour les autres personnages révèle une grande délicatesse de dessin et d’expression.
Réalisé à l’occasion de l’aménagement de chapelles entre les contreforts dans les années 1540, ce vitrail paraît ne pas avoir subi beaucoup de modifications et pourraît être encore à son emplacement d’origine, les bordures de la partie haute épousant parfaitement la forme de la baie. Consacré aux apparitions à saint Pierre et à saint Paul, il comporte, au registre inférieur, un Domine quo vadis (Seigneur, où vas-tu ?) dans un encadrement constitué d’enroulements de cuirs. Cet épisode de la vie de saint Pierre, rapporté par saint Ambroise et repris par Jacques de Voragine dans la Légende dorée, met en scène la rencontre de Pierre avec le Christ sur la voie Appienne. Dans les écoinçons de la partie haute sont figurées les armoiries de François Arroust, prévôt de Chartres de 1540 à 1547, et de sa femme Catherine Michon. Au registre supérieur, la conversion de saint Paul (Saül) sur le chemin de Damas prend également place dans un cadre d’inspiration bellifontaine formé de deux termes supportant un arc brisé. Représenté tombé à terre au côté de son cheval blanc, Paul, aveuglé par la lumière divine, se protége les yeux de la main gauche tandis que ses compagnons, affolés et éblouis par l’apparition du Christ dans les nuées, fuient la scène.
Le vitrail fut certainement exécuté par le peintre-verrier Jean Jouan qui utilisa, à cette occasion, des modèles ou des cartons du peintre parisien Jean Cousin : l’inventivité et l’élégance du répertoire décoratif, les physionnomies des protagonistes, le dessin des mains, avec le détail du majeur et de l’annulaire serrés l’un à l’autre, observable sur la main gauche de Jésus, et les paysages à l’antique sont en effet caractéristiques du style de l’artiste.
L’œuvre montre de fortes analogies techniques avec la verrière du Saint Michel combattant les anges rebelles de Jean Jouan (baie 12), notamment par le travail à la brosse pour le modelé des visages et des chairs, ou encore par l’emploi similaire du jaune d’argent en ton local. La verrière se distingue enfin par un usage abondant d’émail bleu, dont l’aspect brillant est perceptible sur les jambières de saint Paul et la croupe de son cheval.
L’ensemble des lancettes de la baie 15 a été recomposé vers 1893 par l’atelier Lorin de Chartres, à l’aide de morceaux auparavant dispersés, deux d’entre eux, le buste de saint Jean et la scène relative à sainte Catherine, étant probablement étrangers à l’église. Tandis que le tympan et les quatre panneaux du registre supérieur proviennent de plusieurs verrières narratives exécutées entre 1485 et 1510, le soubassement de la baie présente les restes des compositions héraldiques des fenêtres hautes de l’église, réalisées vers 1625-1630.
Cette verrière, demeurée quasiment entière, est à son emplacement d’origine. Elle fut commandée au peintre-verrier Jean Jouan, par la famille Grenet, titulaire de la chapelle, et fut posée en avril 1547. Le sujet, le combat victorieux de l’archange saint Michel et des armées célestes contre Lucifer et les anges rebelles, est tiré de l’Apocalypse (12, 7). Le choix de cet épisode revient probablement à l’un des membres de la famille, l’avocat Michel Grenet, qui se place ainsi sous la protection de son saint patron. Accompagné par deux anges et vêtu d’une armure étincelante, saint Michel précipite Lucifer et d’autres démons dans les flammes de l’enfer. Au sommet, dans une nuée peuplée de chérubins, Dieu le Père assiste au combat, entouré par deux angelots tirant des flèches.
Le saint Michel est proche de figures similaires dans la production de Jean Cousin, et certains détails comme la tête de l’ange archer aux ailes bleues (en haut à droite), ou encore les boucliers des acolytes de l’archange qui relèvent du répertoire bellifontain, laissent à penser que Jean Jouan entretint vraisemblablement des liens avec le milieu parisien.
Le soubassement de la verrière comporte des éléments insérés postérieurement : au centre, un petit panneau carré peint à la grisaille, au jaune d’argent et à l’émail bleu, représentant une femme assise tenant un livre et, à droite, un écu de la famille des Challine, descendants des Grenet et possesseurs de la chapelle à partir de la fin du XVIe siècle. Ces modifications pourraient être consécutives à des dégâts survenus pendant le siège de la ville en 1568.
La scène de l’Annonce aux bergers datée vers 1500-1510 et remployée dans l’église Saint-Pierre était à l’origine plus large. Chacun des deux panneaux a été rogné dans les deux dimensions : les montants latéraux de l’encadrement ont disparu et une partie de la composition manque manifestement au centre. Dans l’état actuel de la composition, deux anges porteurs de phylactères s’adressent aux bergers assis au milieu de leurs troupeaux et tenant à la main leur houlette. L’un d’entre eux porte à la ceinture des objets usuels, dont un peigne et un miroir. À l’arrière-plan, peint sur verre bleu, un troisième berger joue de la cornemuse devant un paysage sur lequel se détachent un château et un groupe de maisons peints à la grisaille.
Le peintre-verrier joue subtilement avec les teintes de verres, qui passent d’un rouge clinquant pour les vêtements des bergers et les ailes des anges à une sanguine brunâtre pour les carnations, que l’on perçoit encore sur les lèvres et les sourcils. Les plombs de casse, qui barraient le visage du berger de droite, ont été retirés lors d’une restauration et remplacés par des collages.
Constituant la partie supérieure d’un Arbre de Jessé, ces quatre panneaux réalisés d’après des modèles de Jean Cousin pourraient provenir de l’ancienne église Saint-Hilaire. Ne subsistent aujourd’hui que la Vierge à l’Enfant, quatre rois entiers et le buste de deux autres. Un seul, David jouant de la harpe, est identifiable à son attribut. Jessé et les autres rois se trouvaient dans la moitié inférieure perdue de la verrière.
Retirés du triforium de Saint-Pierre en 1936, les panneaux ont été ensuite transférés à Paris, puis au dépôt des Monuments historiques de Champs-sur-Marne, avant de rejoindre les collections du Centre international du Vitrail. Cette verrière, d’une très grande qualité d’exécution, se distingue par l’emploi de verres gravés rouges et bleus, ainsi que par l’utilisation d’un émail à base de sanguine en ton local, venant rehausser les carnations des personnages.
Lettres patentes – Février 1493 (n. s.) Charles viii, Brulart et Thomas Bohier, notaires et secrétaires du roi
Parchemin, 57 × 63 cm Tours, Archives municipales – CC 1
Exemption perpétuelle du payement de plusieurs impôts ordinaires et taxes commerciales accordée par le roi à tous les habitants demeurant dans l’enceinte de la ville de Tours, à l’instar de la ville d’Amboise, en raison de l’implantation des rois en Touraine depuis Louis xi, en souvenir de son enfance dans la région et en récompense des accueils lors des entrées solennelles du couple royal.
Fontaine du Carroi de Beaune, anciennement appelée Fontaine du Grand Marché, à Tours, Karl Girardet, xixe siècle, gravure extraite de Jean-Jacques Bourassé (dir.) La Touraine, histoire et monuments, Mame, Tours, 1856, p. 84
Symboles monumentaux de la politique municipale d’aménagement et d’embellissement, les fontaines de Tours et le réseau d’adduction d’eau sont conçus et réalisés entre 1507 et 1512. Les fontaines sont situées sur les cinq principales places de la ville. Elles présentent les armoiries royales. Leurs matériaux viennent en partie d’Italie et leur décor marque l’introduction du style de la Renaissance en Val de Loire.
Vue de l’hôtel des Créneaux, ancien hôtel de ville, à Orléans, Charles Pensée, 1837 aquarelle, crayon graphite, rehauts de gouache sur papier, 57 × 44 cm Orléans, Musée des Beaux-Arts – no inv. : 942
Cet hôtel de ville bâti entre 1503 et 1513 montre comment l’identité communale s’incarne dans la monumentalité. Il intègre aux ornementations gothiques le vocabulaire de la Renaissance, à l’instar des hôtels de ville d’Amboise (1501-1505), d’Angers ou de celui des Échevins à Bourges (1489-1490). Lieux de délibération et de décision, ces bâtiments, parfois richement décorés, témoignent de l’autorité des communautés civiles sur la police de la ville.
Jeton personnel d’Antoine Bohier, conseiller du roi – ap. 1544
Cuivre, Ø 2,6 cm Société Archéologique de Touraine – JT 214
Droit : Croisette ANTHOINE.BOHIER.CHER.SR DE CHESNAYE. Au centre, armes des Bohier d’or au lion d’azur surmontées d’un lambel à 3 pendants de gueules, le tout dans un plurilobe. Revers : Croisette CONSEILLER.DU.ROY.ET.GNAL.DE.FRANCE. Au centre, dragon contourné et couronné.