Composée d'une lancette trilobée, cette verrière datée autour de 1500 a été offerte par Jacques de Beaune († 1527) et son épouse Jeanne de Ruzé à l'occasion de la restauration de l'église paroissiale, engagée en 1497.

Sous un arc en plein cintre de style Renaissance (profils d'empereurs romains, chapiteaux antiquisants), la verrière met en scène la Messe de saint Grégoire, thème iconographique évoquant l'apparition miraculeuse du Christ de Douleur au cours d'un office célébré par le pape Grégoire le Grand (vers 540-604). La légende relate que durant la messe célébrée dans l’église Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome, un des fidèles se mit à douter de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie ; sur les prières de Grégoire, le Christ apparut sur l’autel entouré des instruments de la Passion. Très largement répandue au XV^e siècle, ce thème iconographique réaffirme la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie.

Revêtu d’une aube blanche, d’une tunique violette et d’une chasuble bleue à croix d’or, saint Grégoire célèbre la messe, escorté de deux membres de la Curie romaine. À droite est représenté un cardinal en prière. Tandis que le pape tient l'Hostie consacrée devant l'autel, le Christ de Pitié  couronné d'épines lui apparaît à mi-corps avec les instruments de la Passion. Parmi ces symboles communément dénommés Arma Christi, on reconnaît la Croix, les clous, l’oreille de Malcus, le baiser de Judas au Christ, la pince et le marteau, l'éponge imbibée de vinaigre au bout d'une branche d'hysope, les trente pièces d'argent de Judas, le fouet, la lance du centurion, l’aiguière et le bassin de Pilate, les trois dés, la colonne et le roseau de la flagellation, la bourse de Judas, le coq de saint Pierre et la lanterne. Sur la table d'autel sont disposés une bible, la tiare papale, deux cierges et la patène de l'office. Derrière, un retable d’étoffe brodée représente deux saints dont l’identification n’est pas assurée. L’un porte l’épée (saint Paul ?), tandis que le second tient un bourdon (saint Jacques le Majeur). Au soubassement de la verrière, un bandeau d'arabesques peint en grisaille et jaune d'argent accompagne les armes de Jacques de Beaune (écu effacé), de gueules au chevron d'argent accompagné de trois besants d'or.

La baie 3 complète un cycle de cinq verrières (baies 0, 4, 5, 7 ; panneau du musée des Beaux-Arts de Tours) exécutées autour de 1500 d'après des modèles du peintre tourangeau Jean Poyer (Reynaud, 1993, p. 318 ; Hofmann, 2004, p. 45-46). Malgré son mauvais état de conservation (altérations des grisailles et plombs de casse), la verrière montre des analogies avec plusieurs œuvres de l'artiste, en particulier la Messe de saint Grégoire des Heures d'Henri VIII (New-York, Pierpont Morgan Library, Ms. H.8, f°173, vers 1500) (Dalus, 2018, vol. 1, p. 25).

Restaurée en 1877 par les ateliers tourangeaux Clément et Fournier, puis mise à l'abri en 1943, la verrière fut reposée en 1955 par le peintre-verrier Max Ingrand (Paris) (Grodecki, Perrot et Taralon, 1981, p. 101 ; Dalus, 2017, vol. 1, p. 26-28). En 1985, une étude menée au Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques à partir du panneau figurant le Christ (panneau 3) a permis d'observer une altération des grisailles et des verres due à des micro organismes, ainsi qu'une déformation des réseaux de plombs (LRMH, Dossier DG-3701 8-VIT-0001) (Dalus, 2017, vol. 1, p. 30 ; vol. 2, p. 32-33).

Sources manuscrites :

Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (MAP)

Dossier 0081/037/0021, Ballan-Miré, église Saint-Venant.

Dossier 1996/025/0510, Ballan-Miré, église Saint-Venant.

Dossier 1991/025/0007, Ballan-Miré, église Saint-Venant.

Champs-sur-Marne, Laboratoire de recherche des Monuments historiques (LRMH)

Dossier DG-3701 8-VIT-0001, Ballan-Miré, Église Saint-Venant : conservation des vitraux (XVIe siècle).

Archives Diocésaines de Tours

Notes manuscrites de Robert Fiot.

Lettre du curé de Ballan du 20/11/1943.

Lettre de l'architecte départemental du 26/02/1955.

Lettre du curé de Ballan du 01/03/1955.

Tours, Archives départementales d'Indre-et-Loire

G 155, État des réparations du chœur de l'église de Ballan.

G 1122, Ballan, paroisse.

D 4, Mémoires et correspondances concernant la propriété du domaine du Fief de Beaune.

Orléans, DRAC, inventaire du Centre

Dossier Ballan-Miré.

Bibliographie :

Fiot Robert, Notice sur les verrières, s.l., n.d.

Carre de Busserolle Jacques-Xavier, Dictionnaire géographique, historique et biographique d’Indre-etLoire et de l’ancienne province de Touraine, Tours, Rouillé Ladevès, t. 1, 1878.

Bosseboeuf Louis-Auguste, « Jacques de Beaune et quelques vitraux de Touraine », Réunion des sociétés des beaux-arts des départements, t. 38, 1914, p. 191-199.

Mousse Henri, Le culte de Notre-Dame en Touraine, Tours, A. Mame, s.d (vers 1915).

Ranjard Robert, La Touraine archéologique, guide touristique sur l’Indre-et-Loire, Mayenne, J. Floch, 1968.

Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 101-102.

Les manuscrits à peintures en France, catalogue de l'exposition sous la dir. de François Avril et Nicole Reynaud, Paris, Bibliothèque nationale de France, 16 octobre 1993 - 16 janvier 1994, Paris, Flammarion, 1993, p. 318.

Hofmann Mara, Jean Poyer : Das Gesamtwerk, Turnhout, Brepols, 2004, p. 45-46, 189-191.

Geneste Olivier, « Le vitrail en Touraine », Tours 1500, catalogue de l'exposition sous la dir. de Béatrice de Chancel-Bardelot, Pascale Charron, Pierre-Gilles Girault et Jean-Marie Guillouët, Tours, Musée des Beaux-Arts, 17 mars - 17 juin 2012, Paris, Somogy, 2012, p. 292, cat. 69.

Dalus Mathilde, Les vitraux du XVI^e siècle de l'église Saint-Venant de Ballan-Miré, mémoire de Master 1 sous la dir. de Marion Boudon-Machuel et Pascale Charron, Tours, université de Tours, [2017], vol. 1, p. 17-18 ; vol. 2, p. 13-15, 33.

Dalus Mathilde, Les commandes artistiques de Jacques de Beaune, mémoire de Master 1 sous la dir. de Marion Boudon-Machuel et Pascale Charron, Tours, université de Tours, [2018], vol. 1, p. 21 ; vol. 2, p. 14, 23.

Sources en ligne :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM37000038

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097558

https://www.lrmh.fr