Art de la Renaissance en Val de Loire

inventaire, valorisation et analyse

Vitraux du palais Jacques Cœur de Bourges

CARTEL

Date de réalisation
Avant 1450
deuxième quart du XVe siècle
Matériaux
Verre, Peinture, Plomb
Lieu de conservation
  • Bourges, Centre-Val de Loire, France
    Palais Jacques Cœur

 

Vitraux du palais Jacques Cœur de Bourges

NOTICE

Le palais Jacques-Cœur, construit au milieu du XVe siècle, était décoré de nombreux vitraux. Fils d'un riche pelletier de Bourges, époux de la fille du prévôt ducal de la ville et maître des monnaies (Bourges et Paris), Jacques Cœur (vers 1395-1456) devint adjudicataire de l'office de l'Argenterie royale en 1438 ou 1439, fournissant l'Hôtel du roi en objets mobiliers. Anobli en 1441 et entré au Conseil du roi, il porta à cette date des armes parlantes : d'azur à la fasce d'or, chargées de trois coquilles de sable, accompagnées de trois cœurs de gueule posés deux en chef et un en pointe.

Le décor vitré posé peu avant 1450 au palais Jacques Cœur est partiellement connu et conservé. Dans la salle d'apparat, les baies étaient entièrement dotées de vitraux peints sur le thème des preux et des preuses, dont plusieurs fragments d'inscriptions sont conservés au musée du Berry de Bourges (Bailly, 1998, p. 41-42 ; Izert, 2019, p. 6). D'après les sources du XVIIe siècle, « seize panneaux de vitres » ornaient la « grande salle haute », timbrée des signes héraldiques du propriétaire. Dans les appartements du midi, les vitraux des fenêtres de la petite galerie au niveau inférieur représentaient les armes de l'argentier, couronnées d'orangers-bergamotiers et de plumes d'autruche, accompagnées de ses devises : « A cuer vaillans riens impossible », « Dire, faire, taire [de ma] joie », « En bouche close n'entre mousche » (Hérold, 2014 ; Hérold, 2019). Dans les galeries hautes étaient représentés les douze mois de l'année et diverses armoiries de familles du Berry, parmis lesquelles se trouvaient peut-être les deux écus armoriés de Jean IV de Bar et de son épouse Jacquette La Trye, actuellement conservés au musée du Berry de Bourges (inv. 1865.288.12 ; inv. 1865.288.13) (Gatouillat, Kurmann-Schwarz et Leproux, 1998, p. 62-63).

Le vitrail de la galée aux armes de Jacques Cœur orne encore la chambre dit des Galées du palais, soit l'appartement septentrional où logeait vraisemblablement la famille de l'argentier du roi Charles VII. Il appartenait à une suite de six grands panneaux figurant des navires, qui répondaient à l'imposte de la porte de la même pièce, sculptée elle aussi d'un bateau (Hérold, 2014, p. 265 ; Hérold, 2019, p. 139). 


Sources manuscrites :

Archives départementales du Cher, E 25 r 33, f°352, Minutes d’Yves Dugué, notaire à Bourges, Procès-verbal d’état des lieux du palais Jacques Cœur, le 26 février 1636.

Archives privées du château de Lignières (Cher), Procès-verbal d’état des lieux du palais Jacques Cœur, le 12 septembre 1679

Bibliographie :

Gandilhon Alfred, « Un état des lieux de l’hôtel Jacques Cœur de Bourges dressé en 1636 », Bulletin philosophique et Historique, Paris, 1930-1931, p. 159.

Deshoulières François, « Vitraux de l'hôtel Jacques-Cœur à Bourges », Bulletin Monumental, t. 87, 1928, p. 394.

Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 191.

Mérindol Christian, « Nouvelles observations sur l'hôtel de Jacques Cœur à Bourges : l'hommage au roi », Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1991, p. 202-203.

Bailly Pierre, « Les acquisitions des vitraux par les musées de Bourges », L'art du peintre-verrier : vitraux français et suisses, XVIe et XVIIe siècle, catalogue de l'exposition sous la dir. de Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Bourges, Le Parvis des Métiers, 28 mai-28 décembre 1998, Bourges, Chambre des Métiers du Cher, 1998, p. 41-42.

Gatouillat Françoise, Kurmann-Schwarz Brigitte, Leproux Guy-Michel, « Notices des vitraux conservés au Musée du Berry et à l'Agence des bâtiments de France du Cher », L'art du peintre-verrier : vitraux français et suisses, XVIe et XVIIe siècle, catalogue de l'exposition sous la dir. de Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Bourges, Le Parvis des Métiers, 28 mai-28 décembre 1998, Bourges, Chambre des Métiers du Cher, 1998, n°19, p. 62-63.

Hérold Michel, « À la fin du Moyen Âge, clore et orner les baies de la demeure »,Vitrail : Ve-XXIe siècle, sous la dir. de Michel Hérold et Véronique David, Paris, CNRS, 2014, p. 265.

Izert Pauline, Une étude du vitrail : le cas des rondels du musée du Berry, mémoire de Master II Sciences Humaines et Sociales, Mention Histoire de l'art, sous la dir. de Pascale Charron, Tours, université François-Rabelais, [2019], p. 6 (vol. 1) ; p. 36 (vol. 2).

Hérold Michel, « Windows in Domestic Settings in France in Late Middle Ages : Enclosure and Decoration in the Social Living Space », Investigations in Medieval Stained Glass. Materials, Methods, and Expressions, sous la dir. de Brigitte Kurmann-Schwarz et Elizabeth Pastan, Leiden et Boston, Brill, 2019, p. 139).

Sources en ligne :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00096686

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/AP80L01640

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k98014666/f87.item.zoom


Par Aurélia Cohendy Le 04.10.2021