Art de la Renaissance en Val de Loire

inventaire, valorisation et analyse

Vitrail du musée George Sand et de la Vallée Noire, Le corps de saint Vincent, livré aux bêtes sauvages et protégé par elles

CARTEL

Artistes
Date de réalisation
≈ 1550
troisième quart du XVIe siècle
Iconographie
  • Martyre de saint Vincent
Matériaux
Verre, Peinture, Plomb
Dimensions
hauteur = 0.8 m, largeur = 0.8 m
Lieu de conservation
  • La Châtre, Centre-Val de Loire, France
    Musée George Sand et de la Vallée Noire MLC 2012.0.104.4
    Musée George Sand et de la Vallée Noire MLC 2012.0.104.6

 

Vitrail du musée George Sand et de la Vallée Noire, Le corps de saint Vincent, livré aux bêtes sauvages et protégé par elles

PROVENANCE

Ce vitrail provient, avec six autres panneaux présentés au musée George Sand, d'une verrière qui ornait, avant la Révolution française, la baie de la chapelle nord du transept de l'ancienne église Saint-Germain de La Châtre (Indre), fondée en 1098 sur les ruines d'une abbaye Saint-Vincent. En partie détruite en 1793, puis déplacée dans la baie nord du chevet, cette verrière fut très largement détruite avec l'ensemble de l'édifice lors de l'effondrement du clocher, le 8 décembre 1896. Ses vestiges ont intégré les collections du musée George Sand en 1952 (Grodecki, Perrot et Taralon, 1981, p. 200).

NOTICE

Ce vitrail composé de deux panneaux s'inscrivait à l'origine dans une fenêtre de l'ancienne église Saint-Germain de La Châtre consacrée à la Vie de saint Vincent, diacre de l'évêque de Saragosse Valérius (entre 300-330), jeté en prison par le gouverneur Dacien. Le vitrail illustre l'un des épisodes du martyre du saint au cours duquel saint Dacien ordonna que son corps soit livré aux bêtes sauvages. Selon le récit de la Légende dorée de Jacques de Voragine illustré ici, les bêtes veillèrent sa dépouille, et un corbeau, accompagné d'autres oiseaux, chassa par ses morsures et ses croassements un loup. Quelques fragments de la partie supérieure du panneau laissent voir un paysage relevé par des architectures à l'antique et des silhouettes fantastiques de monticules en forme de pains de sucre.

D'une très grande qualité picturale, ce panneau a été attribué au peintre et verrier Jean Lécuyer par Michel Hérold (2011). Sa facture très particulière, avec l'emploi de plusieurs nuances de grisaille et de sanguine, et une peinture essentiellement faite de hachures et d'enlevés parallèles ou entrecroisés sur un lavis plus ou moins épais, le désigne en effet comme l'œuvre de l'artiste, actif à Bourges entre 1520 et 1556. Pour le visage du saint, Lécuyer a employé un lavis de fond putoisé, lequel est parcouru d'enlevés à la brosse, qui campent ainsi les points forts du modelé. Des traits plus fins, des rehauts et de multiples enlevés au petit bois très vifs donnent forme au modelé d'une façon inhabituelle, laissant une impression de flou. Selon l'auteur, cette technique picturale singulière témoigne de la recherche d'un sfumato adapté au vitrail (Hérold 2011, p. 238-239). Le jaune d'argent est ici appliqué en ton local pour rehausser la végétation du sol et le nimbe du saint.

Les liens techniques et formels de ce vitrail avec la verrière de La Résurrection (baie 7) offerte vers 1551 par Claude Fauconnier à l'église Saint-Bonnet de Bourges, et une série de trois têtes d'hommes du musée du Berry, provenant sans doute d'une verrière disparue de l'église Saint-Jean-des-Champs de Bourges (inv. 1962.X.57) ont permis à Michel Hérold (2011, p. 238-239) de situer ces panneaux à la fin de la carrière de Jean Lécuyer, vers 1550.


Sources manuscrites :

Baucheron Hippolyte, Recherches sur la ville de La Châtre et sur quelques localités environnantes, La Châtre, 1849-1850, p. 42, 46.

Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (MAP)

Dossier 0081/036/007.

BOM (bureau des objets mobiliers), Dossier La Châtre, église.

Bibliographie :

Gembloux Pierquin (de), Histoire de La Châtre, Bourges, 1840, p. 37-38.

Navarre Emmanuel, « Description archéologique de l'église paroissiale de La Châtre. Ancienne église paroissiale et séculière de Saint-Germain l'Auxerrois », Revue du Centre, juin-juillet 1895, p. 213-227.

Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 200-201.

Vitraux de l'Indre. Éclats de la lumière, sous la dir. de Michel Maupoix, Châteauroux, Conseil Général de l'Indre / Rencontre avec le Patrimoine religieux, 2007, p. 181.

Hérold Michel, « La vie de saint Vincent du musée George Sand de La Châtre, une œuvre inédite de Jean Lécuyer », Peindre en France à la Renaissance. Courants stylistiques au temps de Louis XII et de François Ier, sous la dir. de Frédéric Elsig, Milan, Silvana, 2011, p. 222-247.

Villa Rafaël, « Jean Lécuyer : bilan historiographique et nouvelles observations », Peindre à Bourges aux XVe et XVIe siècles, sous la dir. de Frédéric Elsig, Cinisello Balsamo, Milan, 2018, p. 195.

Hérold Michel, « Jean Lécuyer », Le Berry de la Renaissance, sous la dir. de Philippe Goldman, Xavier Laurent et Jean-Pierre Surrault, Châteauroux, Bouinotte édition, 2019, p. 120-123.

Sources en ligne :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM36000058

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/IVR24_20093604536

https://patrimoine.centre-valdeloire.fr/gertrude-diffusion/dossier/la-chatre-musee-george-sand-et-de-la-vallee-noire-verriere/13f4dced-607a-47c8-b6d1-69be8a73b540

https://patrimoine.centre-valdeloire.fr/gertrude-diffusion/dossier/la-chatre-eglise-saint-germain-verrieres/8d5a88f1-4749-454a-9452-3fe272d11433

https://webmuseo.com/ws/musee-de-la-chatre/app/collection/record/3926?vc=ePkH4LF7w6yelGA1iKUSKelDHzOIkKIBmhvKMkuKgCUhuG6GhQUAkqQtmg$$


Par Aurélia Cohendy Le 11.06.2021