Musée George Sand et de la Vallée Noire | ||
Le musée George Sand conserve sept panneaux d'une verrière qui ornait, avant la Révolution française, la baie de la chapelle nord du transept de l'ancienne église Saint-Germain de La Châtre (Indre), fondée en 1098 sur les ruines d'une abbaye Saint-Vincent. En partie détruite en 1793, puis déplacée dans la baie nord du chevet, cette verrière fut très largement détruite avec l'ensemble de l'édifice lors de l'effondrement du clocher, le 8 décembre 1896. Ses vestiges ont intégré les collections du musée George Sand en 1952 (Grodecki, Perrot et Taralon, 1981, p. 200).
Les sept panneaux de dimensions monumentales (79-85 x 83 cm) forment aujourd'hui cinq scènes du martyre de saint Vincent, chacune initialement composée de deux panneaux superposés : Le proconsul Damien condamne saint Vincent à être fouetté de verges (un panneau conservé) ; Saint Vincent dans sa prison dort paisiblement sur un lit de verre pilé entouré par les anges, observé par Dacien et par les bourreaux (un panneau conservé) ; Le corps de saint Vincent, livré aux bêtes sauvages, est protégé par elles (deux panneaux conservés) ; Saint Vincent jeté dans les flots lesté d'une meule au cou (un panneau conservé) ; Le corps de saint Vincent est recueilli par des anges (un panneau conservé). Le diacre saint Vincent, mort martyr à Valence en Espagne, était populaire en Berry. Une église lui avait été dédiée à Dun-sur-Auron (Cher) : elle abritait la châsse contenant le cœur du saint martyr, qui fut brûlée par les protestants en 1562 (Vitraux de l'Indre, 2007, p. 177).
L'emplacement d'origine de la verrière tout comme son commanditaire ne sont pas connus. Mentionnées dès le début des années 1840, les parties conservées de la verrière de la vie de saint Vincent ont bénéficié d'une réparation en 1843-1844, réalisée par le « peintre et vitrier de l'église métropolitaine de Bourges » Joseph Fouché. Dans les lancettes, huit panneaux anciens ont été démontés puis remis en plombs neufs. Les pièces manquantes ou brisées ont été remplacées à l'aide de verre rouge, bleu et jaune. Après la chute du clocher en 1896, les fragments conservés ont été confiés à l'atelier du peintre-verrier parisien Félix Gaudin, lequel fut chargé, en 1913, de remettre en état les panneaux dans le but de les replacer dans l'église reconstruite. Les travaux de consolidation des panneaux (remise en plombs et remplacement des pièces de couleur intégrées par le vitrier Fouché par du verre blanc) ne furent réalisés qu'en 1921 par l'atelier Gaudin. Entrés au musée George Sand en 1956, puis déposés dans l'atelier de Daniel Auclert à Lys-Saint-Georges dans les années 2000 (Hérold 2011, p. 234), ces panneaux ont été restaurés en 2018-2019 par Laurence Cuzange de l'atelier Debitus (Tours).
Cette suite narrative a été attribuée à Jean Lécuyer par Michel Hérold (2011), lequel a reconnu la manière singulière de ce peintre et verrier actif à Bourges de 1520 à 1556. La technique raffinée et complexe de cette verrière se caractérise par le jeu marqué des hachures parallèles, l'usage de plusieurs nuances de grisaille et de sanguine, ainsi que par l'application d'un lavis de grisaille sur la face externe des verres. Les liens techniques et formels de ce vitrail avec la verrière de La Résurrection (baie 7) offerte vers 1551 par Claude Fauconnier à l'église Saint-Bonnet de Bourges, et une série de trois têtes d'hommes du musée du Berry, provenant sans doute d'une verrière disparue de l'église Saint-Jean-des-Champs de Bourges (inv. 1962.X.57) ont permis à Michel Hérold (2011, p. 238-239) de situer ces panneaux à la fin de la carrière de Jean Lécuyer, vers 1550.
Les vitraux de l'ancienne église Saint-Germain de La Châtre ont été classés au titre des Monuments historiques en 1862.
Sources manuscrites :
Baucheron Hippolyte, Recherches sur la ville de La Châtre et sur quelques localités environnantes, La Châtre, 1849-1850, p. 42, 46.
Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (MAP)
Dossier 0081/036/007.
BOM (bureau des objets mobiliers), Dossier La Châtre, église.
Bibliographie :
Gembloux Pierquin (de), Histoire de La Châtre, Bourges, 1840, p. 37-38.
Navarre Emmanuel, « Description archéologique de l'église paroissiale de La Châtre. Ancienne église paroissiale et séculière de Saint-Germain l'Auxerrois », Revue du Centre, juin-juillet 1895, p. 213-227.
Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 200-201.
Vitraux de l'Indre. Éclats de la lumière, sous la dir. de Michel Maupoix, Châteauroux, Conseil Général de l'Indre / Rencontre avec le Patrimoine religieux, 2007, p. 177-183.
Hérold Michel, « La vie de saint Vincent du musée George Sand de La Châtre, une œuvre inédite de Jean Lécuyer », Peindre en France à la Renaissance. Courants stylistiques au temps de Louis XII et de François Ier, sous la dir. de Frédéric Elsig, Milan, Silvana, 2011, p. 222-247.
Villa Rafaël, « Jean Lécuyer : bilan historiographique et nouvelles observations », Peindre à Bourges aux XVe et XVIe siècles, sous la dir. de Frédéric Elsig, Cinisello Balsamo, Milan, 2018, p. 195.
Hérold Michel, « Jean Lécuyer », Le Berry de la Renaissance, sous la dir. de Philippe Goldman, Xavier Laurent et Jean-Pierre Surrault, Châteauroux, Bouinotte édition, 2019, p. 120-123.
Sources en ligne :
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM36000058
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/IVR24_20093604536
Musée George Sand et de la Vallée Noire MLC 2012.0.104.2 | ||
Musée George Sand et de la Vallée Noire MLC 2012.0.104.1 | ||
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Musée George Sand et de la Vallée Noire MLC 2012.0.104.3 | ||
Musée George Sand et de la Vallée Noire MLC 2012.0.104.7 | ||
Musée du Berry Inv.1962.X.57 | ||
Église Saint-Bonnet | ||