Né vers 1463, le peintre et enlumineur Jacquelin de Montluçon apprend son métier à Bourges auprès de son père Jean Raoul dit Jean de Montluçon, qui a laissé vers 1490 sa signature sur l'habit du grand-prêtre dans le Mariage de la Vierge des Heures dites de Chappes (Paris, Bibliothèque de l'Arsenal, ms. 438, f. 74). Jacquelin de Montluçon complète sans doute sa formation à Tours, où il réalise en 1483 un écu de joute pour le duc d'Orléans. Il revient probablement peu après à Bourges, où il est intervient vers 1485-1490 dans le Bréviaire de Monypenny conservé dans une collection particulière (signature « DE-MOLISSON» au f. 766), mais où il n'est documenté qu'à partir de 1491-1492. Dès 1494, Jacquelin succède à son père comme peindre de la ville, réalisant des travaux de peinture décorative et des patrons de vitraux destinés à la maison de ville et aujourd'hui disparus. Le peintre a peut-être pratiqué le métier de verrier, comme pourrait le suggérer la commande du vitrail de Pierre Fils-de-Fame en 1500, pour laquelle Jacquelin est rémunéré quatre livres et dix sous « tant pour l'écriture de ladite verrière que pour ledit patron », tandis que son associé Lambert Anthoine, peintre-verrier, reçoit trois livres, somme qui pourrait correspondre au montage du vitrail (Elsig, 2018, p. 151). Entre 1496 et 1498, il accomplit sans doute un séjour à Chambéry, où il transforme une Sainte Cène commandée par la famille de Bonivard (musée des Beaux-Arts de Chambéry) et exécute deux triptyques pour l'église (détruite) des Antonins de Chambéry. De cette dernière œuvre signée par le peintre subsistent quatre panneaux double-face conservés dans les collections publiques françaises (musées des Beaux-Arts de Lyon et Chambéry) et étrangères (Victoria and Albert Museum de Londres). Deux autres panneaux ont été attribués à l'artiste par Frédéric Elsig (2004, p. 59 ; 2011, p. 175) : une Apparition du Christ datée vers 1485-1490 (musée d'art sacré du Gard, Pont-Saint-Esprit) et un Diptyque de la Vierge et du Christ (collection privée) exécuté vers 1480-1485. Dans le domaine de la peinture sur verre, Frédéric Elsig (2018, p. 152-153) a proposé d'attribuer à Jacquelin de Montluçon l'exécution des patrons des verrières de la Vie de saint Jean-Baptiste (baie 5) de l'église Notre-Dame de Bourges (vers 1500) et de Charlemagne et saint Louis (baie 8) de la chapelle Saint-Roch d'Issoudun (vers 1500). Jacquelin de Montluçon meurt à Bourges en 1505, à l'âge d'environ quarante-deux ans.
Bibliographie :
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Ribault Jean-Yves, « Le Rétable des Antonites de Chambéry et l'atelier de Jean et Jacquelin de Montluçon, peintres de Bourges », 116e Congrès national des Sociétés savantes, Chambéry, 1991, Paris, 1994, p. 285-301.
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Elsig Frédéric, La peinture en France au XVe siècle, 5 Continents, Milan, 2004, p. 58-59.
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