Art de la Renaissance en Val de Loire

inventaire, valorisation et analyse

Vitrail de la chapelle Saint-Roch d'Issoudun - baie 8

CARTEL

Artistes
Date de réalisation
≈ 1500
premier quart du XVIe siècle
Iconographie
  • Ange
  • Dieu le Père
  • Saint Louis
  • Saint Esprit
  • Colombe
  • Saint Charlemagne
Matériaux
Verre, Peinture, Plomb
Dimensions
hauteur = 3 m, largeur = 1 m
Lieu de conservation
  • Issoudun, Centre-Val de Loire, France
    Chapelle Saint-Roch

 

Vitrail de la chapelle Saint-Roch d'Issoudun - baie 8

NOTICE

Composée de deux lancettes trilobées et d'un tympan à trois ajours, cette verrière a été exécutée à l'occasion de l'élévation de la chapelle Saint-Roch par le recteur Pierre de la Chaise, après 1499. Elle a probablement été offerte avant 1505 par l'archevêque de Bourges Guillaume de Cambray (1492-1505), dont les armes sont encore visibles.

Demeuré dans un bon état de conservation, le vitrail représente dans des niches d'architectures closes de tentures à motifs variés les deux saints rois : saint Louis, canonisé dès 1297 et patron du souverain, et Charlemagne, dont le culte a été imposé dans le royaume par Louis XI en 1475. Vêtus royalement et nommés par des phylactères posés à leur pied, les personnages sont magnifiés de grands dais ornés de pinacles ouvragés, peints en grisaille et jaune d'argent sur fonds rouge et vert. Dans la lancette de gauche, Charlemagne est présenté comme empereur d'Allemagne et roi des Francs : tenant l'épée et le globe d'or sommé de la croix, il est revêtu d'un manteau bordé d'hermine et d'une cuirasse ornée de l'aigle bicéphale et d'un semis de fleurs de lys. Dans la lancette de droite, saint Louis est également vêtu d'une armure, recouverte d'un manteau semé de lys d'or montés en chef-d'œuvre. Son épée est rangée dans son fourreau, sur lequel est inscrite la devise « JHESUS-MARIA ». Tenant de la main droite la lance (évocation des reliques de la Passion acquises auprès de l'empereur de Byzance) et de la main gauche le spectre, saint Louis est couronné et nimbé d'une auréole rouge parsemée de perles blanches (verre gravé). Les socles des niches sont accompagnés de deux putti aux coiffes fantaisistes, qui soutiennent les armoiries de l'archevêque de Bourges Guillaume de Cambray (1492-1505), de gueules à trois cérots d'or (pièces brisées dans la lancette de droite). Dans le soufflet du tympan figure Dieu le Père, portant la colombe du Saint Esprit. Outre l'utilisation de verres rouges gravés (coiffes des saints rois ; fourreau de l'épée et ceinture de saint Louis) et de pièces montées en chef-d’œuvre (manteau de saint Louis ; meubles des écus), le peintre-verrier témoigne de sa dextérité dans l'application du jaune d'argent pour rehausser les ornements et les vêtements. Ce vitrail était complété par les deux autres baies de l'absidiole sud (baies 6 et 10), dont les soufflets des tympans de même facture représentent l'Ange et la Vierge de l'Annonciation.

D'une grande qualité d'exécution, cette verrière a été rapprochée de l'art du peintre et enlumineur Jacquelin de Montluçon, documenté à Bourges entre 1491 et 1505. Selon Frédéric Elsig, le peintre berruyer aurait pu fournir le patron à un verrier chargé de l'exécution : « la morphologie de saint Charlemagne, définie par une chevelure aussi dense que désordonnée, de grands yeux et des sourcils marqués, rappelle certains personnages de la Résurrection de saint Lazare, tout en présentant une plus grande rigidité » (Elsig, 2018, p. 152).


Sources manuscrites : 

Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (MAP)

Archives des Monuments Historiques (ACMH), Dossier Ottin, s.d. (1900-1914), f. 324.

Bibliographie:

Bouet Georges, « L'Hôtel-Dieu d'Issoudun », Congrès archéologique de France (40e session, Châteauroux), 1873, p. 657-674.

Jugand Jules, Histoire de l'Hôtel-Dieu et des établissements charitables d'Issoudun depuis leur fondation jusqu'à nos jours, Issoudun, 1881, p. 68.

Chevalier R.P. Jules, Histoire religieuse d'Issoudun depuis sa fondation jusqu'à nos jours, Issoudun, 1899, p. 266-267.

Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 203.

Vitraux de l'Indre. Éclats de la lumière, sous la dir. de Michel Maupoix, Châteauroux, Conseil Général de l'Indre / Rencontre avec le Patrimoine religieux, Poitiers, 2007, p. 103-104.

Mazzone Marie, Au cœur de l'effervescence artistique de Bourges à la fin du XVe siècle : le parcours et l'œuvre de Jacquelin de Montluçon, mémoire de maîtrise, sous la dir. de Frédéric Elsig, Université de Genève [2017].

Elsig Frédéric, « Jacquelin de Montluçon : enlumineur, peintre et verrier », Peindre à Bourges aux XVe et XVIe siècles, sous la dir. de Frédéric Elsig, Cinisello Balsamo, Milan, 2018, p. 153.

Source en ligne:

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM36002229

https://patrimoine.centre-valdeloire.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-representant-charlemagne-et-saint-louis/c03d3d7d-234f-4218-ad86-9197c78c1fd1

https://bibale.irht.cnrs.fr/19972


Par Aurélia Cohendy Le 24.06.2021