La fenêtre à croisée du couloir du château qui mène à la chapelle Sainte-Anne a sans doute été restaurée après 2011, date à laquelle ont été acquis les bordures décoratives et trois des quatre rondels qui ornent la croisée (Saint Maurice ; Monogramme avec l'alpha et oméga inscrit dans un soleil ; Soleil ondé). Ces vitraux proviennent d'une fenêtre à deux vanteaux vitrés de six rondels et d'une bordure de grotesques, passée en vente publique à Paris le 8 juin 2011 (Paris, Drouot Richelieu, Maison Piasa, lot 36 bis).

Cette fenêtre à croisée n'est pas décrite dans le second volume du Corpus vitrearum consacré aux vitraux de la région Centre (Grodecki, Perrot et Taralon, 1981). Dotée d'un meneau central et divisée par un croisillon horizontal, la croisée est composée de quatre rondels et d'une bordure de grotesques remontés après 2011 dans une vitrerie incolore à losanges. Ces éléments peints en grisaille et jaune d'argent nous sont parvenus dans un assez mauvais état de conservation, avec la présence de plusieurs plombs de casse.

Datable du premier quart du XVI^e siècle, la bordure à décor de grotesques est peuplée de putti, de candélabres, de profils en médaillon et de dauphins. On peut également noter la présence d'un bouche-trou à droite du meneau central (fragment d'une banderole avec une inscription). Les deux rondels de la partie inférieure figurant un monogramme avec l'alpha et l'oméga inscrits dans un soleil (plomb de casse) et un soleil ondé (plomb de casse) semblent être de même facture que la bordure décorative. Enfin, la partie inférieure de la bordure droite est ornée d'un écu, d'or à une croix de sable, cantonnée de quatre quintefeuilles d'or. Bien qu'encore non identifiées, ces armes évoquent les écussons blasonnés de même qui ornent les bordures du tympan et des têtes de lancettes d'une verrière (baie 9) de l'église Saint-Barthélemy de Montireau (Eure-et-Loir), en grande partie refaite par Michel Petit en 2003, d'après deux éléments encore en place lors de la dépose (Gatouillat, comm. écrite, février 2021). Ils se retrouvent aux côtés du blason de Montireau figuré sur les baies 0 et 1 (vers 1536) de cette église (Gatouillat, comm. écrite, février 2021). Selon l'architecte du patrimoine Étienne Barthélemy, il pourrait s'agir des armes de l'épouse de Louis III de Montireau, Ambroisine de Villiers (communication orale, journée d'étude « Devenir architecte en chef des monuments historiques au XXI^e siècle : un concours, une recherche, une méthodologie », Cité de l'architecture et du patrimoine, 12 mai 2017).

La croisée est ornée en partie supérieure d'un rondel d'origine flamande ou germanique représentant Sainte Catherine d'Alexandrie avec la roue brisée, l'épée et un livre, le buste de l'empereur Maxence à ses pieds. Figurée debout sous un portique de style Renaissance ouvrant sur un paysage, la sainte auréolée et couronnée est vêtue d'une robe de brocart dorée aux plis cassés et creusés. Ce panneau d'une belle exécution peut être daté du début du XVI^e siècle. Le quatrième rondel met en scène saint Maurice à cheval (inscription à droite "S. MORICE"). Casqué et vêtu de son armure, le saint est représenté au premier plan d'un paysage sommairement esquissé. Ce panneau d'une exécution rapide mais soignée peut être daté du milieu du XVI^e siècle.

Bibliographie :

Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 101.

Vente Haute Époque Curiosités, 8 juin 2011, Paris Drouot Richelieu, Étude Piasa.

Sources en ligne :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097504

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/10717-chateau-d-amboise-detail-maison-de-leonard-de-vinci?offset=

https://www.auction.fr/_fr/lot/paire-de-vantaux-d-une-fenetre-avec-vitraux-losanges-2979645