Église Saint-Vincent | ||
Composée de trois lancettes trilobées et d'un tympan à sept ajours, cette verrière a probablement été offerte par les descendants de Jacques et Raoul Hurault, peut-être Jacques ou Jean Hurault, (fils de Raoul), vers 1540-1550. Son iconographie la rattache à deux autres verrières du collatéral sud (baies 10 et 12) ; néanmoins il n’est pas certain, compte tenu des particularités des techniques de peinture, qu’elle provienne du même atelier que les baies 10 et 12.
Cette verrière a été largement restituée en 1886 par Steinheil et Bonnot, à la suite de l’ouragan de janvier 1884, qui la détruisit presque totalement. Quelques mois auparavant, un photographe de la Commission des MH en avait pris un cliché (MAP, cliché MH 6259). Déposée en 1944 par Jean-Jacques Gruber, elle subit une nouvelle remise en état lors de la seconde restauration, entre 1946 et 1950, et fut reposée avec les autres à cette date. Les principaux fragments authentiques en sont le visage de saint Jean, l’angle supérieur gauche du panneau 4a, le panneau 3a (visage de la Vierge), la figure de l’apôtre à moitié caché derrière la croix (panneau 4c), qui inspira J.-J. Gruber pour sa restitution du visage de saint Joseph dans la baie 10, et la main tenant un goupillon (panneau 2c). Tympan et têtes de lancettes sont élaborés sur des cartons de Steinheil, mais la colombe de l’ajour sommital se trouvait en 1884 dans la tête de lancette centrale (MAP, cliché MH 6253). Le vitrail est dans un état de conservation alarmant. Les verres se déchaussent en raison de l’état défectueux des plombs ; les micro-organismes sont proliférants. De trop nombreux plombs de casse défigurent les visages.
La verrière met en scène la Dormition de la Vierge. Lors du trépas de la Vierge, les apôtres se trouvèrent miraculeusement transportés à ses côtés. Le Christ place un cierge entre les mains de sa mère, particularité iconographique que l’on aurait tendance à attribuer au restaurateur, mais qui semble confirmée par l’examen de la photographie avant restauration (MAP, cliché MH 6259). La surface du tympan présente une création d’ A. Steinheil, réalisée en 1886. Les deux ajours cordiforme figurent respectivement un ange en buste joignant les mains, émergeant d’un halo de nuages sur un fond bleu. Dans l’ajour supérieur, en forme d’oiseau en vol, le restaurateur a placé sur un fond bleu une colombe autrefois insérée dans la tête de lancette médiane.
Le registre figuré occupe les trois lancettes en une composition unitaire, conçue comme un tableau. L’examen de la photographie avant restauration prouve que tel était bien l’aspect initial du vitrail ; A. Steinheil en a seulement clarifié l’ordonnance. A. Steinheil a reconstitué, à partir des fragments subsistants du panneau 4a, qu’il a en partie copiés, une suite de baies en plein cintre ourlées d’archivoltes sculptées, entre lesquelles des pilastres viennent supporter les doubleaux d’une hypothétique voûte en berceau. Des fragments des vitreries losangées restituées par A. Steinheil existaient dans les têtes de lancettes des baies 8 et 12. L’inclinaison des impostes des pilastres situés aux deux extrémités, ainsi que le départ des arcs, qui implique des clés placées plus haut que les autres, suggère un passage vers deux autres salles, ou travées. L’examen de la photographie avant restauration révèle que le plan de la composition était matérialisé par un soubassement mouluré que A. Steinheil a restitué à sa manière, en se fondant sur l’état initial du panneau inférieur de la lancette médiane (le panneau héraldique de la baie 10 dont témoigne le cliché MH 6258 (1884) pourrait avoir trouvé sa place ici à l’origine). Les apôtres groupés autour de la Vierge sont accompagnés de deux saintes femmes, à gauche, aux côtés de saint Jean tenant la palme, que Steinheil a librement copiées d’après les originaux.
Sources graphiques :
Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (MAP)
Arch. phot. de la Dir. du Patr., cliché MH 6259 (av. rest, Durand, 1884, tirage à la photothèque de la MAP, Paris, « cartons verts », vitraux, Loir-et-Cher) - photomontage panneau par panneau, ap. rest., (baie D) Estève, 1950, 213 822-828, tirage à la MAP, Paris - reproduction de ce photomontage, 55 N 71 (Graindorge, 1955).
Orléans, Inventaire du Centre
Marius Hermanowicz, 1996 : 96. 41. 13. V, 14 VA.
Sources manuscrites :
Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (MAP)
Dossiers de restauration 1200, 1 et 2, et dossier « Contrôle des travaux » n° 4049.
4° DOC 8, RAYON (E.), Inventaire des vitraux du Département de Loir-et-Cher, 1924, pl. 30 / 260 à 32 / 262.
Blois, Archives départementales de Loir-et-Cher
9 T 14, Cour-sur-Loire, et O 69 06 2, O 69 06 3.
F 2137, fonds Lesueur, Dr. Frédéric LESUEUR, monographie de l’église de Cour-sur-Loire, Manuscrit. s.d., vers 1919-1922, p. 25-27.
Bibliographie :
Laurand Jules, « Vitraux de Cour-sur-Loire » Bulletin de la Société Archéologique de l’Orléanais, tome II, bull. n° 16, 1er trimestre, séance du 27 janvier 1854, p. 21.
Dupré Alexandre, s. d., vers 1868-69, Ms. B.M. Blois 339 11d.
Dupré Alexandre, « Cour-sur-Loire », Revue de Loir-et-Cher, Blois, 1898, p. 293.
Garreau abbé L.E., Cour-sur-Loire, son église, sa châtellenie, son histoire, Paris, Honoré Champion, 1913, p. 6.
Deshoulieres François, « Cour-sur-Loire », Congrès Archéologique 1925, LVXXXVIIIe session, Paris, A. J. Picard, 1926, p. 538.
Pilté Edmond, Répertoire archéologique des édifices religieux du diocèse actuel de Blois et des Monuments civils du département de Loir-et-Cher à partir du Moyen Âge, Saint-Dizier, A. Bruliard, 1931, p. 90.
Aubert Marcel, Le vitrail en France, Paris, Larousse, 1946, p. 104.
Lesueur Dr. Frédéric, Les églises de Loir-et-Cher, Paris, A. J. Picard, 1969, p. 143.
es Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 143.
Riviale Laurence, Les verrières de l’église paroissiale Saint-Vincent de Cour-sur-Loire (Loir-et-Cher), Mémoire de maîtrise d’histoire de l’art moderne, sous la dir. de Claude Mignot et Michel Hérold, Tours, Université F. Rabelais, [1996], p. 35-36 et 130-132.
Sources en ligne :
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098426
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM41000175
Église Saint-Vincent | ||