Musée du Berry Inv. D.1967.4.13 | ||
Ce panneau est issu d'une importante collection de fragments de vitraux et de rondels conservés au musée du Berry. Il ornait à l'origine la baie nord de la sacristie du chapitre de la cathédrale de Bourges, qui ne conserve aujourd'hui plus que des fragments de vitraux (Grodecki, 1953 ; Gatouillat, Kurmann-Schwarz et Leproux, 1998).
Ce panneau représentant Ève provient de l'un des vitraux de la sacristie du chapitre de la cathédrale de Bourges. La construction de celle-ci est bien documentée : au mois de novembre 1447, les chanoines indiquaient à Jacques Cœur les emplacements possibles pour ce nouveau bâtiment qui devait aussi contenir un local de la bibliothèque. Les travaux commencèrent certainement en mars 1448, lorsque les chanoines donnèrent à l'Argentier la permission de faire démolir la chapelle de l'archidiaconé située du côté nord de la cathédrale, et il étaient en voie d'achèvement en mai 1451, date à laquelle le chapitre décida d'y ériger un autel et permit à Jacques Cœur de faire exécuter les vitraux comme bon lui semblerait. Il ne reste que des fragments de cet ensemble, qui devait être comparable, par la qualité, à la verrière de l'Annonciation que Jacques Cœur avait fait exécuter dans sa propre chapelle, probablement par le même atelier. Seuls le couronnement et les têtes de lancettes de chacune des trois fenêtres de la sacristie ont conservé une partie de leur décor d'origine, des panneaux de vitrerie à losanges garnis d'éléments héraldiques ayant par la suite été substitués aux vitraux historiés dans les lancettes. La figure d'Ève était placée dans la grande baie qui s'ouvre au nord, dans la niche d'architecture peinte de la deuxième lancette. Son buste, qui était resté en place dans le vitrail, en fut enlevé en 1945 pour être réuni à la moitié inférieure du corps, découverte par l'ancien architecte des Monuments Historiques Robert Gauchery (1884-1967) parmi des débris sans emploi. Les cheveux de la jeune femme tombent jusqu'aux hanches et encadrent son corps nu. Elle tient une pomme dans la main droite et cache sa nudité avec une feuille de vigne qu'elle tient de la main gauche. Représentée comme une statue, la figurine est posée sur un socle et surmonté d'un baldaquin, devant une tenture damassée. Les altérations des verres ne permettent plus d'apprécier toute la finesse de l'exécution de la peinture en grisaille et jaune d'argent. On trouve le même genre de sculpture feinte dans le vitrail de la chapelle de Jacques Cœur, où Adam et Ève ainsi que plusieurs prophètes sont peints de façon identique (Gatouillat, Kurmann-Schwarz et Leproux, 1998).
Bibliographie :
Vitraux de France, du XIe au XVIe siècle, catalogue de l'exposition sous la dir. de Louis Grodecki, Paris, Musée des arts décoratifs, 1953, Paris, Caisse nationale des monuments historiques, n°39, p. 79-80 (notice de L. Grodecki).
Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 184.
Kurmann-Schwarz Brigitte, Französische Glasmalerein um 1450, Ein Atelier in Bourges und Riom, Berne, Benteli, 1988, p. 19, 24-27, 95, 98, fig. 8.
Grodecki Louis, « Le Maître des vitraux de Jacques Cœur » (1975), Le Moyen Âge retrouvé, vol. II, Paris, Flammarion, 1991, p. 255-277.
Gatouillat Françoise, Kurmann-Schwarz Brigitte, Leproux Guy-Michel, « Notices des vitraux conservés au Musée du Berry et à l'Agence des bâtiments de France du Cher », L'art du peintre-verrier : vitraux français et suisses, XVIe et XVIIe siècle, catalogue de l'exposition sous la dir. de Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Bourges, Le Parvis des Métiers, 28 mai-28 décembre 1998, Bourges, Chambre des Métiers du Cher, 1998, n°6, p. 53-54.
Hamon Étienne, « Le grand chantier de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance », Bourges, la grâce d'une cathédrale, sous la dir. d'Emmanuel Audat, Béatrice de Chancel-Bardelot et Olivier Nauleau, Strasbourg, La Nuée bleue, 2017, p. 110-113.
Kurmann-Schwarz Brigitte, « Les vitraux des XIVe et XVe siècles », Bourges, la grâce d'une cathédrale, sous la dir. d'Emmanuel Audat, Béatrice de Chancel-Bardelot et Olivier Nauleau, Strasbourg, La Nuée bleue, 2017, p. 266-269..
Izert Pauline, Une étude du vitrail : le cas des rondels du musée du Berry, mémoire de Master II Sciences Humaines et Sociales, Mention Histoire de l'art, sous la dir. de Pascale Charron, Tours, université François-Rabelais, [2019], p. 38 (vol. 2).
Sources en ligne :
https://www.pop.culture.gouv.fr
https://www.pop.culture.gouv.fr
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