Ce vitrail est issu d'une importante collection de fragments de vitraux et de rondels conservés au musée du Berry. Il pourrait provenir du soubassement d'une verrière monumentale autrefois conservée dans l'ancienne collégiale Notre-Dame de Mehun-sur-Yèvre (Cher) (Gatouillat, Kurmann-Schwarz et Leproux, 1998).

La famille Bonin, qui a donné à Bourges nombre de ses échevins, blasonnait d'azur à la fasce d'or accompagnée de trois têtes de femmes d'argent tressées d'or. Ces armoiries se voient dans la verrière offerte par Pierre Tullier à la cathédrale de Bourges (baie 32), sous le portrait de Marie Bonin, mère du donateur et fille de Jean Bonin, premier magistrat de la ville en 1439. Un écu similaire est signalé à l'église Sainte-Anne de Nohant-Vic (Indre) (Grodecki, Perrot et Taralon, 1981). Ce sont donc bien les armes de cette famille qui figurent sur le panneau du musée du Berry, qui était certainement placé à l'origine au soubassement d'une verrière monumentale : on y voit un encadrement architectural dans lequel deux anges, placés symétriquement à l'arrière de colonnettes torses, supportent l'écu. Selon une note de l'ancien architecte des Monuments Historiques Robert Gauchery, ce vitrail proviendrait d'« une église de Mehun-sur-Yèvre ». Il s'agit vraisemblablement de Notre-Dame, ancienne collégiale située près du château du duc de Berry. Cet édifice, en grande partie roman, ne compte qu'une baie gothique, celle qui éclaire la chapelle méridionale construite vers 1460, ce qui coïnciderait avec la datation proposée pour le panneau du musée du Berry. Les dimensions de celui-ci sont en outre parfaitement compatibles avec celles de la fenêtre, divisée en quatre lancettes de 0,90 m de large chacune, si l'on considère qu'il est manifestement rogné en largeur. Les pièces qui forment la tunique de l'ange de gauche sont des bouche-trous, provenant d'un panneau semblable qui se trouvait dans l'une des lancettes voisines : elles sont remployées à l'envers. Le peintre verrier auteur de ce vitrail devait appartenir au milieu berruyer : les deux anges qui portent l'écu rappellent ceux qui soutiennent la Vierge dans l'Assomption de l'église Saint-Bonnet, datée approximativement de 1480 (baie 3). Plusieurs membres de la famille Bonin ont occupé la charge de lieutenant au siège royal de Mehun-sur-Yèvre, dont Pierre Bonin, qui vécut dans le troisième tiers du XV^e siècle. S'il n'a été créé pour lui, le panneau pourrait avoir été exécuté pour Renaud Bonin, doyen du chapitre de la cathédrale de la collégiale Notre-Dame de Mehun-sur-Yèvre, neveu de Marie et petit-fils de Jean Bonin, cités plus haut (Gatouillat, Kurmann-Schwarz et Leproux, 1998).

Gauchery, notes : Papiers de Paul et de Robert Gauchery, Archives départementales du Cher, sous-série 36 F.

Notes généalogiques de Girard de Villesaison, Archives départementales du Cher, sous-série 2 F, s.v. Bonin.

Thaumas de La Thaumassière Gaspard, Histoire de Berry (1689), réed. t. I ; Bourges, 1863, p. 223, 227, 316 et II, 1865, p. 172 et 187.

Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 190.

Gatouillat Françoise, Kurmann-Schwarz Brigitte, Leproux Guy-Michel, « Notices des vitraux conservés au Musée du Berry et à l'Agence des bâtiments de France du Cher », L'art du peintre-verrier : vitraux français et suisses, XVI^e et XVII^e siècle, catalogue de l'exposition sous la dir. de Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Bourges, Le Parvis des Métiers, 28 mai-28 décembre 1998, Bourges, Chambre des Métiers du Cher, 1998, n°11, p. 57.

Izert Pauline, Une étude du vitrail : le cas des rondels du musée du Berry, mémoire de Master II Sciences Humaines et Sociales, Mention Histoire de l'art, sous la dir. de Pascale Charron, Tours, université François-Rabelais, [2019], p. 25 (vol. 2).

Sources en ligne :

https://www.pop.culture.gouv.fr

https://www.pop.culture.gouv.fr

https://www.pop.culture.gouv.fr