Ce vitrail, dont l'origine précise est inconnue, provient d'une importante collection de fragments de vitraux et de rondels conservés au musée du Berry de Bourges. Il a été acquis vers 1834 grâce au don de monsieur Cormiers, vitrier de Bourges (s.n., 1869 ; Bailly, 1998).

Ce rondel, fendu au centre et peint en grisaille et jaune d'argent sur un verre blanc, représente le Baptême du Christ, entouré d'une bordure enrichie de feuillages. Saint Jean-Baptiste, le bras gauche levé, verse l'eau du baptême au moyen d'une coquille, tandis que deux anges tiennent le vêtement du Christ. Ce panneau d'une exécution soignée est sans doute tiré d'un modèle gravé, tout comme son pendant conservé au musée du Berry, qui met en scène la Visitation d'après une gravure de Dürer (inv. 1869.22.1). Les deux rondels ont conservé leur encadrement, où apparaissent les mêmes branches fleuries et surtout la même devise. Celle-ci a toujours été transcrite otium time (crains l'oisiveté) (Grodecki, Perrot et Taralon, 1981), ce qui est satisfaisant du point de vue du sens et de la grammaire, mais ne résiste guère à l'observation : les deux premières lettres sont indiscutablement un d et un e et l'on ne peut lire que Deium (pour Deum) time (crains Dieu), devise d'ailleurs mieux adaptée à l'iconographie des deux rondels. Ce type de barbarisme n'est pas rare dans le vitrail monumental, où les programmes iconographiques étaient pourtant suivis par des clercs, il doit d'autant moins étonner dans le vitrail civil (Gatouillat, Kurmann-Schwarz et Leproux, 1998).

Le rondel du Baptême du Christ a servit de modèle pour un vitrail (baie 10) exécuté en 1891 dans la chapelle des fonts baptismaux de l'église Notre-Dame de Thisay (Indre). Cette verrière à losanges présente un rondel dans lequel est figurée la même scène, peinte en grisaille et rehaussée de jaune d'argent. Le panneau est doté d'une bordure à feuillage, où apparaissent les mêmes branches fleuries ainsi qu'un phylactère avec l'inscription « Et Baptizat Est a Johanne - s Marc I-9 », accompagnée des initiales du maître verrier « J.-M. 1891 ». L'origine et l'activité de ce peintre-verrier demeurent encore inconnus.

Bibliographie :

Catalogue du Musée de Bourges : Peinture, Bourges, A. Jollet, 1869, p. 50.

Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 189.

Bailly Pierre, « Les acquisitions des vitraux par les musées de Bourges », L'art du peintre-verrier : vitraux français et suisses, XVI^e et XVII^e siècle, catalogue de l'exposition sous la dir. de Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Bourges, Le Parvis des Métiers, 28 mai-28 décembre 1998, Bourges, Chambre des Métiers du Cher, 1998, p. 42.

Gatouillat Françoise, Kurmann-Schwarz Brigitte, Leproux Guy-Michel, « Notices des vitraux conservés au Musée du Berry et à l'Agence des bâtiments de France du Cher », L'art du peintre-verrier : vitraux français et suisses, XVI^e et XVII^e siècle, catalogue de l'exposition sous la dir. de Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Bourges, Le Parvis des Métiers, 28 mai-28 décembre 1998, Bourges, Chambre des Métiers du Cher, 1998, n°26, p. 67.

Izert Pauline, Une étude du vitrail : le cas des rondels du musée du Berry, mémoire de Master II Sciences Humaines et Sociales, Mention Histoire de l'art, sous la dir. de Pascale Charron, Tours, université François-Rabelais, [2019], p. 19, 31  (vol. 1), p. 6 (vol. 2).