Musée du Berry Inv. 1869.22.1 | ||
Ce vitrail, dont l'origine précise est inconnue, provient d'une importante collection de fragments de vitraux et de rondels conservés au musée du Berry de Bourges. Acquis vers 1834 grâce au don de l'architecte Juillien (s.n., 1869 ; Bailly, 1998), il est présenté au musée de l'hôtel Lallemant, dans le cadre de l'exposition L'Hôtel Renaissance des Lallemant (4 avril 2019 - septembre 2020).
Produits en série, les rondels ont très largement bénéficié de l'essor de la gravure. Il en est ainsi de ce panneau, peint en grisaille et jaune d'argent sur un verre blanc, qui représente, dans une bordure de feuillages, la scène de la Visitation. Le vitrail a été exécuté d'après une planche de La Vie de la Vierge d'Albrecht Dürer, suite de vingt gravures sur bois éditée vers 1503. Le modèle n'est repris que partiellement : le peintre-verrier a volontairement recentré la composition sur les trois personnages principaux, la Vierge, sainte Élisabeth et Zacharie. Si l'on retrouve également le petit chien qui occupe l'avant-plan, seule l'une des trois spectatrices de droite a pu être replacé dans le vitrail et le paysage, auquel Dürer avait donné beaucoup d'importance, a totalement disparu. Les figures retenues sont copiées avec fidélité, quoique les drapés soient légèrement simplifiés. Ce panneau a, au musée du Berry, un pendant sur lequel est représenté le Baptême du Christ (inv. 1865.287.2) d'une facture moins précise, faute sans doute d'un modèle de dimensions suffisantes pour être calqué. L'un et l'autre ont conservé leur encadrement, où apparaissent les mêmes branches fleuries et surtout la même devise. Celle-ci a toujours été transcrite otium time (crains l'oisiveté), ce qui est satisfaisant du point de vue du sens et de la grammaire, mais ne résiste guère à l'observation : les deux premières lettres sont indiscutablement un d et un e et l'on ne peut lire que Deium (pour Deum) time (crains Dieu), devise d'ailleurs mieux adaptée à l'iconographie des deux rondels. Ce type de barbarisme n'est pas rare dans le vitrail monumental, où les programmes iconographiques étaient pourtant suivis par des clercs, il doit d'autant moins étonner dans le vitrail civil (Gatouillat, Kurmann-Schwarz et Leproux, 1998).
Bibliographie :
Gauchery, notes : Papiers de Paul et de Robert Gauchery, Archives départementales du Cher, sous-série 36 F.
Catalogue du Musée de Bourges : Peinture, Bourges, A. Jollet, 1869, p. 50.
Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 189.
Bailly Pierre, « Les acquisitions des vitraux par les musées de Bourges », L'art du peintre-verrier : vitraux français et suisses, XVIe et XVIIe siècle, catalogue de l'exposition sous la dir. de Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Bourges, Le Parvis des Métiers, 28 mai-28 décembre 1998, Bourges, Chambre des Métiers du Cher, 1998, p. 41.
Gatouillat Françoise, Kurmann-Schwarz Brigitte, Leproux Guy-Michel, « Notices des vitraux conservés au Musée du Berry et à l'Agence des bâtiments de France du Cher », L'art du peintre-verrier : vitraux français et suisses, XVIe et XVIIe siècle, catalogue de l'exposition sous la dir. de Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Bourges, Le Parvis des Métiers, 28 mai-28 décembre 1998, Bourges, Chambre des Métiers du Cher, 1998, n°26, p. 67.
Izert Pauline, Une étude du vitrail : le cas des rondels du musée du Berry, sous la dir. de Pascale Charron, Tours, université François-Rabelais, [2019], p. 19 (vol. 1), p. 6 (vol. 2).
Sources en ligne :
http://musees.regioncentre.fr/expositions/l-hotel-renaissance-des-lallemant
Musée du Berry Inv. 1865.287.2 | ||
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