Centre international du Vitrail | ||
Ce vitrail provient, avec trente-quatre autres présentés au Centre international du Vitrail, de l'église Saint-Pierre de Chartres.
Ce vitrail constitue un des quatre restes (numérotés 9 à 12) d’un cycle de la Dormition de la Vierge.
L’histoire de la mort de la Vierge, contée dans la Légende dorée d’après un livre apocryphe attribué à saint Jean, a connu un certain succès dans les vitraux normands. En 1465, l’église Saint-Taurin d’Évreux fut ainsi dotée d’une verrière qui développe ce récit en douze scènes et la cathédrale de la ville en reçut une version plus réduite vers 1468, de même que Saint-Jean d’Elbeuf et l’église de Villequier un peu plus tard. Ce thème fut également en faveur à Chartres à la fin du Moyen Âge puisque deux cycles de vitraux s’y rapportent, l’un placé dans les années 1480 dans l’église Saint-Aignan, l’autre, sans schéma commun et vraisemblablement plus récent, figurant parmi les panneaux remployés à Saint-Pierre. Les cinq éléments conservés de ce dernier, bien que fragmentaires, aident à deviner ce qu’était à l’origine le programme formel de la verrière : comme dans l’Enfance du Christ présentée ci-dessus (nos 5-7), chaque scène était répartie sur deux lancettes, encadrée d’un linteau denticulé reposant ici sur des colonnettes ornées de losanges, bordées de larges pilastres « sculptés » de motifs lobés. Compte tenu du meneau qui les partageait, ces scènes, sans aucun doute plus nombreuses à l’origine, occupaient une largeur supérieure à 1,50 m avec leurs bordures latérales. En dépit du vocabulaire flamboyant des encadrements et du caractère de certains visages, qui procèdent de modèles en usage dans le dernier tiers du XVe siècle à Rouen, plusieurs facteurs empêchent de trop vieillir cette suite. L’emploi de sanguine parmi les techniques de peinture et le style plus évolué de la scène de l’Assomption invitent à situer la réalisation de l’oeuvre après 1500, et à l’attribuer à plusieurs mains. Si l’atelier en cause paraît avoir disposé de cartons d’origine rouennaise très archaïques à la date de l’exécution, il a complété la série de quelques compositions renouvelées.
Il s’agit du seul panneau conservé de cette scène, dans laquelle les apôtres transportent le corps de la Vierge pour le mettre au tombeau. Il est amputé en largeur, la tête du convoi ayant disparu, ainsi que l’encadrement. On y distingue le miracle qui caractérise cet épisode : le prêtre juif Jéphonias, figuré au premier plan de dos, coiffé d’un turban, ayant tenté de renverser le cercueil, ses mains arrachées restent fixées sur le poêle damassé. Les pièces modernes sont peu nombreuses, essentiellement dans l’angle supérieur droit et dans le manteau vert d’un des porteurs du cercueil.
(Notices extraites de : Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Les vitraux de la Renaissance à Chartres, Chartres, Centre international du Vitrail, 2010, p. 114 et 120).
Sources en ligne : https://www.centre-vitrail.org/fr/les-vitraux-de-la-renaissance-a-chartres/