Ce vitrail, dont l'origine précise est inconnue, provient de la collection de la Société archéologique de Touraine. Acquis en 1844 par le musée des Beaux-Arts de Tours (don de M. Boilleau), il est actuellement présenté dans les salles du musée.

Ce petit panneau de provenance inconnue a été offert au XIX^e siècle à la Société archéologique de Touraine et monté dans une bordure de rinceaux d'inspiration Renaissance par l'atelier Lobin de Tours à qui on doit l'inscription en bas au milieu : Donné par Mr. Boilleau père, anc. conservateur / du musée de la société 1844. Le vitrail figure la Vierge couronnée et auréolée, vêtue d'un manteau bleu, tenant l'Enfant dans ses bras, dans une mandorle rayonnante entourée d'anges rouges et bleus. La représentation de la Vierge rayonnante, Maria in sole, est le fruit de l'assimilation de Marie à la femme revêtue de lumière (Mulier amicta sole) de l'Apocalypse (XII, 1). Le thème se diffusa avec le culte de l'Immaculée Conception dont l'office avait nouvellement été approuvé par le pape en 1476. Dans l'iconographie, Marie est généralement figurée la lune sous ses pieds, comme l'illustre les Heures dites d'Adélaïde de Savoie exécutées par Jean Fouquet ou un suiveur (Chantilly, ms. 76, f°21). Selon Pierre-Gilles Girault (2012, p. 315), il est possible que la partie inférieure du panneau du musée de Tours soit incomplète.

Le vitrail de la Vierge et l'Enfant en gloire a été attribué à Jean Bourdichon par Robert Fiot, lequel releva en 1949 le traitement identique de l'Enfant Jésus dans le Triptyque de la Vierge à l'Enfant (Naples, Museo di Capodimonte, en dépôt à la chartreuse de San Martino), ainsi que dans plusieurs miniatures du cercle de Fouquet (Paris, BnF, mss. lat. 13305, f° 239, et lat. 920, fo 44 v°) ou de Bourdichon lui-même (Paris, BnF, mss. lat. 1370, f° 95, lat. 9474, f° 51, et lat. 886, f° 29 vo). L’attitude et l’expression du visage de Marie avec son voile blanc marqué de plis sont également typiques de Bourdichon, ce qu'illustrent les Heures de Frédéric d’Aragon (Paris, BnF, ms. lat. 10543), le Missel de Beaune (BnF, ms. lat. 886, f° 328), ou encore la Vierge de l'Annonciation des Heures de Louis XII (Londres, British Library, Ms. Add. 35254 V.) (Girault, 2012, p. 316).

Si l'on ne peut préciser de quel type de patron le peintre-verrier a disposé pour réaliser le vitrail du musée, on sait d'après les sources que Jean Bourdichon fournit des modèles ou des cartons à grandeur d'exécution destinés à la réalisation de vitraux. En témoigne un marché du 12 janvier 1509 (n. st.) conclu entre Pierre Gaultier, chanoine de Tours et curé de Vouvray, et le vitrier Symonnet Duru qui promet de faire en l’église de Vouvray « une victre […] comme l’istoire le requiert et façon dont iceluy vénérable lui a baillé le pourtraict fait par Jehan Baudichon» (ADIL, 3E1/7, f°168, 14 mai-21 novembre 1508 ; Fiot, 1949, p. 79-80). L’acte ne précise ni le sujet de la verrière, qui n’existe plus, ni si le pourtraict fourni était un modèle de petit format ou un carton à grandeur d’exécution (Girault, 2012, p. 316).

Bibliographie :

Fiot Robert, « Du nouveau sur Jean Bourdichon », Bulletin de la société archéologique de Touraine, t. 30, 1949-1950, p. 67-75.

Limousin Raymond, Jean Bourdichon, peintre et enlumineur, son atelier et son école, Lyon, 1954, p. 42, fig. 35.

Anne de Bretagne et son temps, catalogue de l'exposition sous la dir. de Abel Durand, Nantes, musée Dobrée, avril-juin, 1961, n°55, pl. 11.

Fiot Robert, « Jean Fouquet à Notre-Dame La Riche de Tours », Revue de l’art, n°10, 1970, p. 40.

L'Art de la vallée de la Loire du haut Moyen Âge à l'époque classique, catalogue de l'exposition sous la dir. de Dominique Costa, Nantes, musée Dobrée, décembre 1974 - février 1975, n°39.

L'Art de la vallée de la Loire du XV^e siècle à l'époque classique, catalogue de l'exposition sous la dir. de Dominique Costa, Claude Allemand-Cosneau, Viviane Huchard, Nantes, musée Dobrée, février-juin 1975, n°10.

Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 134.

Girault Pierre-Gilles, « La Vierge et l'Enfant en gloire »Tours 1500, catalogue de l'exposition sous la dir. de Béatrice de Chancel-Bardelot, Pascale Charron, Pierre-Gilles Girault et Jean-Marie Guillouët, Tours, Musée des Beaux-Arts, 17 mars - 17 juin 2012, Paris, Somogy, 2012, cat. 78, p. 316.

Sources en ligne :

https://archives.touraine.fr/ark:/37621/7cr31gjnlqzh/713af69a-4678-4cdf-a396-a9c651e76ec4

http://renumar.univ-tours.fr/xtf/view?docId=tei/TIPO639212.xml;chunk.id=n1;toc.depth=1;toc.id=n1;brand=default