Art de la Renaissance en Val de Loire

inventaire, valorisation et analyse

Autoportrait de Jean Fouquet

CARTEL

Artistes
Date de réalisation
1452 - 1455
XVe siècle
Iconographie
  • Autoportrait
Matériaux
Cuivre, Email
Dimensions
diamètre = 750 mm
Lieu de conservation
  • Paris
    Musée du Louvre Département des Objets d’art

 

Autoportrait de Jean Fouquet

NOTICE

Denis Godefroy, historiographe de Charles VII, signalait en 1661 que le Diptyque de Melun possédait des « bordures [...] couvertes en dedans de velours bleu, orné et enrichy tout autour de quantité de grands lacz d’amour à l’antique separez d’une esgale distance l’un de l’autre et tissés d’une petite broderie d’or et d’argent dans chaque côté desdits lacs est une grande E, aussi à l’antique, tout couvert de petites perles fines, et entre ces lacs d’amour sont des médailles d’argent doré de moyenne grandeur représentant quelque histoire sainte et dont les personnages sont peints admirablement bien » (Avril 2003, p. 133). Les lacs d’amour avec l’initiale E désignent ’Étienne Chevalier, commanditaire de l'oeuvre. Ils sont également présents en abondance dans le livre d’heures aujourd'hui démembré, que ce dernier commanda à Jean Fouquet entre 1452 et 1460 (Musée Condé, Chantilly). À la fin du XIXe siècle, deux médaillons de cuivre émaillé d’or ont été identifiés comme appartenant à ces « médailles » du cadre du diptyque : l’un figurant l’autoportrait de Jean Fouquet conservé au Louvre, le second, une scène de la vie de saint Étienne, conservé à Berlin et détruit en 1945 (Avril, 2003, p.132).

Jean Fouquet s’est représenté en buste, les épaules de face, le visage de trois-quarts et le regard frontal. Coiffé d’un simple bonnet rond duquel sortent quelques mèches de la frange coupée court, comme il était d’usage pour les coiffures masculines au milieu du XVe siècle, le peintre est vêtu d’un simple pourpoint. Se détachant en camaïeu d’or sur un fond bleu sombre, le volume du visage est modelé par la lumière provenant de la droite, comme sur le diptyque. L’artiste a inscrit en grandes capitales romaines patromyme précédé de son prénom sous sa forme latine patronyme ( Joh[ann]es Fouquet).

L’insertion de médaillons dans le cadre d’un tableau ou dans une œuvre d’orfèvrerie comme un reliquaire était une pratique courante en Italie : les bustes de saints étaient souvent introduits dans les marges des retables comme l’attestent certaines Maestà de Cimabue oude Duccio. Plus encore, Fouquet, qui avait travaillé à Florence et à Rome dans les années 1440, avait pu admirer les autoportraits signatures que l’orfèvre Ghiberti et que l’architecte Filarete avaient placés pour le premier sur les portes nord et sud du baptistère San Giovanni de Florence (1403-1424 et 1425-1452) et pour le second sur les portes en bronze de Saint-Pierre de Rome (1433-1445). Ce portrait peut donc être considéré comme la manifestation de la proximité de Fouquet avec l'art italien de son temps dans la prolongation de sa maitrise de la perspective et des motifs "à l'antique" qui caractérisent son oeuvre. Il est aussi une expression de la conscience qu'avait l'artiste de son importance et de son statut au sein de la communauté des peintres travaillant pour la cour de France.

Bibliographie :

France 1500. Entre Moyen Âge et Renaissance, catalogue de l’exposition du Grand Palais de Paris du 6 octobre 2010 au 10 janvier 2011, Paris, éditions de la RMN, 2010, cat. 13.

Jean Fouquet, peintre et enlumineur du XVe siècle, sous la direction de François Avril, catalogue de l’exposition de la BnF du 25 mars au 22 juin 2003, Paris, BnF, Hazan, 2003, cat. 7 et 8.


Par Pascale Charron Le 14/12/2022
  • Diptyque de Melun
    Artistes
    Catégories
    Peinture
    Date de réalisation
    ≈ 1452 - 1455
    deuxième tiers du XVe siècle
    Matériaux
    Bois de chêne
    Lieu de conservation
    • Anvers, Région Flamande, Belgique
      Musée Royal des Beaux-Arts Inv. 132
    • Berlin, Berlin, Allemagne
      Staatliche Museen, Gemaeldegalerie Inv. 1617