Art de la Renaissance en Val de Loire

inventaire, valorisation et analyse

Vitraux de la chapelle Sainte-Anne du château d'Ussé

CARTEL

Artistes
Date de réalisation
deuxième quart du XVIe siècle
Matériaux
Verre, Peinture, Plomb
Lieu de conservation
  • Ussé, Centre-Val de Loire, France
    Chapelle Sainte-Anne

 

Vitraux de la chapelle Sainte-Anne du château d'Ussé

NOTICE

La collégiale Sainte-Anne a été fondée en 1521 par Jacques d'Espinay, chambellan de Charles VIII et de Louis XII, maître d'hôtel de la reine Anne de Bretagne, qui avait acquis la terre d'Ussé auprès d'Antoine de Bueil, en 1485. En 1521, Jacques d'Espinay ordonna par testament la fondation d'une collégiale proche du château, qu'édifia son fils Charles et son épouse, Lucrèce de Pons, avant 1534. On y retrouve en divers endroits son chiffre, associé à celui de Lucrèce : les lettres C et L entrelacées ornent en effet le portail ouest, les contreforts, ou encore la voûte de la sacristie. Charles et Lucrèce meurent respectivement en 1534 et 1535. La chapelle, achevée par leur fils René, est consacrée en 1539. À court d'argent, ce dernier céda la seigneurie d'Ussé à Suzanne de Bourbon en 1557 qui entretint le monument jusqu'à la Révolution.

La chapelle collégiale, isolée dans le parc, est un monument de la plus pure Renaissance. Elle est restée dans son aspect originel et n'a pas subi les transformations successives du château. L'édifice se compose d'une nef à trois travées, prolongée à l'est par une travée de chœur. L'abside à cinq pans est précédée d'un avant-chœur sur lequel ouvrent au sud la sacristie et au nord la chapelle seigneuriale accessible par un accès privé. Voûtée d'ogives à liernes, la collégiale est éclairée par de larges baies brisées dont le dessin des remplages atteste que le chantier fut mené d'est en ouest (Noblet, 2009, p. 279). La chapelle seigneuriale au nord communique par une large arcade avec le chœur.

La vitrerie d'origine n'est connue qu'à travers de rares descriptions, notamment par Gaignières (1699). Elle est conservée de manière très éparse au sein de verrières blanches, à bornes et à losanges, conséquences de restaurations successives, antérieures à la Révolution.

Dès 1648, les verrières sont « raccommodées » par Isaac Menneau, vitrier qui touche 17 livres pour ce travail (Noblet, note 30). En 1684, « dans la chapelle derrière le grand autel [sont] mis cinq panneaux de vitres en plomb neuf » (Noblet, p. 302). En 1689, un autre vitrier indique dans un mémoire détaillé : « Premièrement dans la chapelle du château dans la vitre derrière le grand autel, j’ai fait et fourni un panneau de vitres neuf (…) plus dans le vitrail en entrant dans le cœur, à main gauche, j’ai mis un plomb neuf (…) plus dans les deux mêmes vitrail du même costé dans la nef, j’ai relevé cinq panneaux de vitres que j’ai mis en plomb neuf (…) plus dans le vitrail sur la grande porte j’ai relevé un panneau de vitre que j’ai raccommodé » (Noblet, p. 302). D'autres restaurations sont documentées au XVIIIe  siècle, notamment en 1761 et 1769 (Noblet, note 33).

Lors de sa visite en 1699, Gaignières remarque malgré tout la présence de panneaux anciens représentant les fondateurs de la chapelle présentés par leurs saints patrons : « Dans cette chapelle a la vitre derrière le grand autel sont trois escussons ainsy et en couleur c’est Espinay et Pons. Et au bas estoit aussy dans la mesme vitre le mesme Charles d’Espinay et sa femme, mais la femme n’y est et il ne reste que la moitié dudit Charles qui estoit a genous armé et une cotte d’armes de ses armes et derrière luy St Charlemagne » (Noblet, p. 306).

De la vitrerie antérieure à la Révolution sont donc principalement conservées des verrières blanches, dont certaines présentent toutefois quelques vestiges de la vitrerie du XVIe siècle, certes modestes, mais qui ne sont pas sans intérêt relativement à notre connaissance du programme originel, notamment les instruments de la Passion dans la baie 9, et surtout le chiffre « C-L » dans les bordures de la baie 7, en lien avec l'identité des donateurs, que Gaignières avait vu représentés au bas de la maîtresse-vitre, ainsi que des têtes de morts sur fond noir, rappelant la vocation funéraire de cette collégiale castrale.


Bibliographie :

Vallery-Radot Jean, « Le château et l'ancienne collégiale d'Ussé », Congrès Archéologique de France, Tours 1948, Société française d'Archéologie, 1949, p. 326-341.

Lamirault-Sorin Sophie et Thomas Évelyne, « Entre gothique et Renaissance : la chapelle collégiale du château d'Ussé », Art sacré, Châtillon-sur-Indre, Rencontre avec le patrimoine religieux, n°14, 2001, p. 62-73.

Guillaume Jean, « Le château d'Ussé », Congrès archéologique [Touraine, 1997], Paris, 2003, p. 369-385.

Noblet Julien, En perpétuelle mémoire. Collégiales castrales et Saintes-Chapelles à vocation funéraire en France (1450-1560), Rennes, PUR, 2009, p. 279-280.

Noblet Julien, Sanctuaire dynastiques ligériens. L'exemple des collégiales castrales et Saintes-Chapelles (1450-1560), éd. Rencontre avec le Patrimoine religieux, Châtillon-sur-Indre, 2009, p. 299-311.

Specklin Joseph, « Pierre-Charles Dusillion et l’architecture néo-Renaissance », Livraisons d’Histoire de l’Architecture, n°23, 2012, p. 97-105.

Sources en ligne :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00098034

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/MHR24_20203700412

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/APMH00004300

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/APMH00004301

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/AP80L08515

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/APMH00102530

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/IVR24_19943700790

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6901930d.item


Par Olivier Geneste Le 01.09.2021