église Saint-Barthélemy | ||
La baie 5 est constituée de trois lancettes trilobées surmontées d'un tympan à cinq ajours. La verrière, entièrement peinte en camaïeux de grisaille, de jaune d'argent et de sanguine sur verre blanc, représente la Vierge aux litanies et un chanoine donateur figuré en prière. Il s'agit d'un des membres la famille de Montireau, dont les armes de gueules à la croix de saint André d'Argent ornent le prie-Dieu : il s'agit peut-être du chanoine Jean de Montireau, documenté à partir de 1561 et mort en 1596 (comm. écrite, F. Gatouillat, mars 2020). Les ajours du tympan sont occupés par des anges. La facture du vitrail comme la morphologie des figures peuvent être rapprochés de la verrière de L'Annonciation (baie 7).
La Vierge aux litanies est l'une des rares iconographies nouvelles créées à la fin du Moyen Âge pour représenter l'Immaculée Conception de la Vierge. L'idée que la Vierge ait pu être conçue par ses parents sans contracter le péché originel agite l'Église dès le XIIe siècle. Depuis le XIVe siècle, les théologiens partisans de la conception immaculée de la Vierge ont cherché dans les Écritures des preuves de l'exception mariale. Ainsi, les différents attributs déployés dans l'image autour de la Vierge en prière, appelés litanies car ils appartiennent aux litanies du rosaire de la Vierge, sont issus de différents livres de la Bible (Cantique des Cantiques, Ecclésiaste, Sagesse et différents prophètes) (Lepape, 2010, p. 278).
Le schéma iconographique de la Vierge aux litanies de Montireau est identique à celui d'une gravure d'un livre d'heures à l'usage de Rome édité à Paris en 1502, qui servit de modèle iconographique à la plupart des représentations du thème : la Vierge est représentée debout, vue de face, les mains jointes en prière ; elle est auréolée, ses cheveux se déploient sur ses épaules et elle est vêtue d'une longue robe blanche lui donnant l'apparence d'une jeune fille chaste et pure ; suspendue entre ciel et terre, son regard est dirigé vers un monde inconnu. Les emblèmes, au nombre de quinze, sont figurés autour d'elle, chacun d'entre eux est identifié à l'aide d'une inscription latine inscrite dans un phylactère : le soleil, la lune, l'étoile, le lys, le massif de roses, la tige de Jessé, le cèdre, l'olivier, le puit, la fontaine, le miroir sans tache, la tour de David, la porte du Ciel, le jardin clos, la Civitas Dei. Dieu le père apparaît au-dessus de la Vierge ; il porte la tiare pontificale, ainsi qu'un orbe crucifère, tandis que de son autre main il esquisse un geste de bénédiction, légitimant la Vierge des litanies et par son intermédiaire la croyance en l'Immaculée Conception.
Le vitrail a été restauré en 1995 par l'atelier de Michel Petit (La Bourdinière-Saint-Loup). Deux panneaux ont été photographiés au Laboratoire de recherche des monuments historiques de Champs-sur-Marne, fin septembre 1992 (comm. écrite, F. Gatouillat, mars 2020).
Bibliographie:
Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire : Corpus vitrearum, France, recensement des vitraux anciens de la France, 2, sous la dir. de Louis Grodecki, Françoise Perrot et Jean Taralon, Paris, CNRS, 1981, p. 73.
Lepape Séverine, « Heures à l'usage de Rome », France 1500. Entre Moyen Âge et Renaissance, catalogue d’exposition sous la dir. de Geneviève Bresc-Bautier, Thierry Crépin-Leblond, Elisabeth Taburet-Delahaye, Paris, Galeries nationales du Grand Palais, Paris, 2010, p. 278.
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